La Tour du Brandon

Cadastre Napoléonien (1812)
Cadastre Napoléonien (1812)
Vue Aérienne
Vue Aérienne


Histoire

Vestige d’une forteresse qui fut édifiée au XIème siècle par Foulques Nerra, de 991 à 995, au moment ou le comte d'Anjou enveloppait là Touraine d'une ceinture de camps et de forteresses, pour arracher cette province à la maison de Blois

 

Cet ensemble de fortification comprenait un baille carré, de la contenance d'un demi-hectare, entouré d'un mur épais, et protégé en outre du côté de la campagne, par de larges fosses. Aucune tour n'appuyait ces murailles, et l'entrée seule en était défendue par un pavillon solide, dans lequel on passait sous un porche vouté après avoir franchi le pont-levis. La tour est ronde, implantée isolément au milieu du baille, et haute de quarante pieds.

 

Elle a été mise à mal lors de la Guerre de Cent Ans : le chemin de ronde avec ses créneaux et meurtrières a disparu ; le mur d’enceinte également, sauf quelques éléments repris dans une construction moderne.

 

 

C'est une ancienne châtellenie qui relevait du château de Montbazon à foi et hommage-lige. Elle s'étendait dans les paroisses d'Athée, de Truyes, de Cigogné et d'Azay-sur-Cher, et était pourvue d'une importante forteresse qui occupait, avec ses dépendances et ses fossés, une surface d'un demi hectare. De cette forteresse il ne reste aujourd'hui qu'une tour haute de quatorze mètres environ et dont la circonférence est de trente mètres.

 

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L'épaisseur de la muraille est d'un mètre soixante centimètres. Elle est construite en pierre meulière et l'appareillage des moellons offre une très grande régularité. Prés d'elle étaient des bâtiments d'habitation fort anciens et qui ont complètement disparu. Le tout était défendu par des fossés larges et profonds, et par une forte muraille qui existait encore en 1583, ainsi que le constate un aveu rendu le 25 juillet de cette année, par Louis de Rohan, seigneur de Montbazon. On pénétrait dans l'enceinte par un pont-levis, au bout duquel se trouvait un porche voûté.

 

L'aveu du 25 juillet 1583, dont nous venons de parler, nous apprend que la tour avait été « depuis longtemps ruinée en partie par les Anglais et que dans l'enclos environné de murailles fort anciennes, étaient plusieurs maisons».

 

D'après Maan et d'autres auteurs, la tour du Brandon aurait été construite par Foulques-Nerra et elle aurait été destinée à communiquer, au moyen de feux allumés sur la plate-forme, avec les forteresses d'Amboise et de Loches.

 

La première assertion parait s'accorder avec le caractère architectural de l'édifice. Cependant on pourrait objecter que les tours élevées par Foulques-Nerra étaient toutes de forme carrée, tandis que celle dont nous parlons est ronde.

 

Quant à la seconde assertion, elle est conforme sans doute à la coutume qui se pratiquait au moyen âge de faire des signaux par le feu, du haut des donjons, notamment pour avertir de l'approche de l'ennemi; mais il serait peut-être téméraire d'affirmer que la tour avait été spécialement construite pour cet usage. Il n'existe, en effet, à notre connaissance du moins, aucun document pouvant être invoqué à l'appui de cette opinion.

Sous la forteresse s’étendent des souterrains voutés en plein cintre, auxquels on accède maintenant par des escaliers extérieurs ; certains sont devenus des caves à vins.



SEIGNEURS DU BRANDON

Le premier seigneur connu du Brandon se nommait Guillaume de Brandon (Guillelmus de Brandone) et était mort avant 1205. Depuis cette époque jusqu'au milieu du XIVème siècle, les noms des seigneurs nous sont inconnus; mais à partir de là nous avons une chronologie complète.

 

 

II           Barthélemy 1er Savary de Montbazon, premier du nom, seigneur de Montbazon, de Colombiers, du Brandon et d'Yzernay, épousa, en premières noces, Marie de Dreux-Bû, fille de Robert II, de Dreux-Bû, et, en secondes noces, Barbe, dame de Grillemont. Il mourut en 1347, laissant de son premier mariage : Barthélemy, qui suit, et Jeanne, femme de Hardouin de Maillé; du second mariage, un fils, Jean de Montbazon.

III           Barthélemy, deuxième du nom, dit Berthelon, seigneur de Montbazon, Colombiers, Savonnières, Montsoreau, Ferrières-Larçon, du Brandon, est cité dans des actes de 1330, 1351 et. 1362. Il eut trois enfants : Barthélemy, marié à Jeanne de Maulévier et décédé sans enfant en 1349; Renaud, qui suit, et Jean.

 

IV            Renaud, chevalier, seigneur de Montbazon, de Colombiers, de Savonnières, de Montcontour, du Brandon, etc., fonda une chapelle dans son château de Montbazon. De son mariage, contracté on 1350, avec Eustache d'Anthenaise, veuve de Simon de Vendôme, il eut une fille unique, Jeanne de Montbazon, mariée à Guillaume de Craon, deuxième du nom.

 

V             Guillaume de Craon II, chambellan du roi, vicomte de Châteaudun, seigneur du Grand-Pressigny, Sainte-Maure, Nouâtre, Verneuil, etc., épousa, comme nous venons de le dire, Jeanne de Montbazon, qui eut en dot les terres du Brandon, de Montbazon, de Colombiers, de Montsoreau, de Ferrières et de Montcontour (1370). De ce mariage naquirent plusieurs enfants, entre autres Guillaume III, qui suit; Jean, dont nous parlerons après son frère; Marie, dame du Grand- Pressigny, et Marguerite, femme de Guy de la Rochefoucauld. Jeanne de Montbazon fit son testament en 1394, et fut inhumée dans l'église des Cordeliers, à Tours.

 

VI      Guillaume de Craon III, vicomte do Châteaudun, seigneur de Colombiers, de Montbazon, de Sainte-Maure, de Nouâtre, Pressigny, etc., mourut en 1386 et eut sa sépulture, à Tours, dans l'église des Cordeliers.

 

VII      Jean de Craon, frère du précédent et seigneur des mêmes lieux, rendit hommage au roi le 6 septembre 1407, pour les terres qu'il possédait, et fut tué à la bataille d'Azincourt, en 1415. Il avait épousé Jacqueline de Montaigu, dont il n'eut pas d'enfants. Sa succession échut à Marie et Marguerite de Craon, ses sœurs, qui firent leur partage en 1419.

 

VIII      Pierre d'Amboise, deuxième du nom, seigneur d'Amboise, de Bléré et de Montrichard, fils d’Ingelger d'Amboise, dit le Grand, et d'Isabeau du Thouars, décédé en 1426, est qualifié, dans divers titres, du seigneur du Brandon. Il est présumable qu'il ne possédait qu'une partie de ce domaine.

 

IX      Guy de la Rochefoucauld, huitième du nom, conseiller et chambellan du roi, gouverneur d'Angoumois, devint seigneur du Brandon, de Montbazon, de Sainte-Maure, de Nouâtre et autres terres (1419), par suite de son mariage avec Marguerite de Craon. Il eut six enfants : Foucaud, seigneur de la Rochefoucauld; Aymar, qui suit; Hector, mort eu bas âge; et cinq filles. Guy de la Rochefoucauld mourut vers 1427, et fut inhumé dans l'église des Carmes, de la Rochefoucauld.

 

 

X      Aimar de la Rochefoucauld, seigneur de Sainte-Maure, de Montbazon, de Nouâtre et du Brandon (1436), épousa Jeanne de Martreuil darne de Heriçon, dont il eut : Jean, qui suit; Françoise, mariée à Jean d'Estouteville; Jeanne, femme de Jean du Fou, et Guillemette, mariée à Guy do la Rochefoucauld, seigneur de Montendre.

 

XI            Jean de la Rochefoucauld, seigneur des mêmes lieux, mourut sans postérité en 1465. Ses biens passèrent à Françoise, sa sœur.

 

XII       Jean d'Estouteville, grand-maitre des arbalétriers de France, prévôt de Paris, fut seigneur du Brandon, de Montbazon et de Sainte-Maure (1465), du chef de sa femme, Françoise de la Rochefoucauld, héritière de son frère Jean. Il mourut le 14 septembre 1494.

 

 

XIII         Jean du Fou, conseiller et chambellan du roi, bailli-gouverneur da Touraine (1480), fut seigneur du Brandon et autres domaines, du chef de sa femme, Joanne de la Rochefoucauld, qui avait hérité de Françoise, sa sœur, veuve de Jean d'Estouteville, eut une fille unique, Renée, mariée, en premières noces, à Louis de Rohan, et, en secondes noces, à Guillaume de la Marck.

 

XIV         Louis de Rohan, troisième du nom, seigneur de Guéméné, et ensuite du Brandon, de Montbazon, Sainte-Maure, Nouâtre, etc., par suite de son mariage avec Renée du Fou, fille du précédent, mourut le 29 août 1498. Il fut inhumé dans l'église de Sainte-Maure.

XV          Guillaume de la Marck, chambellan du roi, fut seigneur des mêmes lieux, du chef de sa femme, Renée du Fou, veuve de Louis de Rohan III, qu'il épousa au commencement de l'année 1502. Il mourut le 20 mai 1514, et fut inhumé dans le chœur de l'église de Sainte-Maure. Il était fils de Guillaume de la Marck, seigneur d'Aigremonts, dit « le Sanglier des Ardennes », et de Jeanne d'Arschot.

 

XVI         Louis de Rohan IV, seigneur du Guéméné, du Brandon, de Montbazon, etc., bailli et gouverneur de Touraine, fils de Louis de Rohan III, et de Renée du Fou, épousa, le 17 novembre 1511, Marie de Rohan, fille de Jean II de Rohan, et de Marie de Bretagne d'Avaugour, dont il eut Louis de Rohan V. Il mourut le 14 juin 1597.

XVII        Louis de Rohan V, seigneur des mêmes lieux, épousa, le 18 juin 1529, Marguerite de Laval, dame du Perrier, fille de Guy XVI de Laval, et de Anne de Montmorency. Il mourut le 14 mai 1557, laissant deux enfants : Louis, qui suit; et Renée, femme de François de Rohan, seigneur de Gyé, puis de René de Laval, seigneur de Loué.

 

XVIII       Louis de Rohan VI, prince de Guéméné, comte de Montbazon, baron de Marigny, sénéchal d'Anjou, fut marie deux fois la première, avec Léonore de Rohan, la seconde, avec Françoise de Laval, veuve de Henri de Lénoncourt. Du premier mariage sont issus plusieurs enfants, entre autres, Louis et Hercule, dont on parlera plus loin; et Alexandre, marquis de Marigny. Louis de Rohan VI mourut le 4 mai 1611.

 

XIX         Louis de Rohan VII, duc de Montbazon, pair de France, mourut le 1er novembre 1589. Le 25 juillet 1583, il avait rendu hommage au roi pour les terres qu'il possédait, et parmi lesquelles se trouvait celle du Brandon. Son comté de Montbazon fut érigé en duché-pairie par lettres patentes de 1588, vérifiées au Parlement le 27 avril 1589.

XX          Hercule de Rohan, frère du précédent, duc de Montbazon, comte de Rochefort, pair et grand-veneur de France, gouverneur de Paris et de l'Ile-de-France, mourut à Couzières, près de Montbazon, le 16 octobre 1654, âge de quatre- vingt-six ans. En premières noces, il avait épousé Marie de Lénoncourt, décédée le 28 août 1603; en secondes, en 1628, Marie de Bretagne d'Avaugour. Du premier lit il eut Louis, qui suit ; et Marie, femme de Charles d'Albert, duc de Luynes; du second lit, François de Rohan, prince de Soubise; Marie-Éléonor, abbesse de la Trinité de Caen, et Anne, mariée en 1661, à Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes.

 

XXI         Louis de Rohan VIII, prince de Guéméné et duc de Montbazon, baron de Coupvray et du Verger, épousa, en 1617, Anne de Rohan, princesse de Guéméné, sa cousine, dont il eut Charles, qui suit ; et Louis, dit le chevalier de Rohan, décapité le 27 novembre 1674, pour avoir pris le parti des ennemis de l'État. Louis de Rohan VIII mourut à Paris le 18 février 1667.

 

XXII        Charles de Rohan II, prince de Guéméné, duc de Montbazon, pair de France, mourut on 1699. laissant plusieurs enfants de son mariage avec Jeanne-Armande de Schomberg, entre autres, Charles de Rohan III, et Jean-Baptiste- Armand, prince de Montbazon.

 

XXIII       Charles de Rohan III, prince de Guéméné, duc de Montbazon, pair de France, mourut au château de Rochefort, en Beauce, le 10 octobre 1727. Il avait épousé, en premières noces, le 19 février 1678, Marie-Anne d'Albert, décédée le 20 août 1679; en secondes noces, Charlotte-Elizabeth de Cochefilet. Du second mariage sont issus : Louis-Henri, mort en bas âge; François-Armand, brigadier des armées du roi, mort le 26 juin 1717; Louis-Charles-Casimir, chanoine de l'ordre de Sainte-Croix, mort en 1749; Hercule-Mériadec, qui suit; Armand-Jules, archevêque de Reims, décédé le 28 août 1762; Louis-Constantin, cardinal-évêque de Strasbourg, mort le 11 mars 1779; et sept filles.

 

XXIV       Hercule-Mériadec de Rohan, prince de Guéméné, duc de Montbazon, mourut le 21 décembre 1757. Le 4 août 1718, il avait épousé Louise-Gabrielle-Julie de Rohan, fille d'Hercule Mériadec, prince de Rohan, et d'Anne-Geneviève de Louis de Ventadour. De ce mariage sont issus : Jules-Hercule-Mériadec, qui suit; Louis-Armand-Constantin, lieutenant-générai des armées navales (1769); Louis-René-Édouard, cardinal, grand aumônier de France, coadjuteur de Strasbourg, membre de l'Académie française; Ferdinand-Maximilien-Mériadec, archevêque de Bordeaux (1770), et cinq filles.

 

XXV        Jules-Hercule-Mériadec, prince de Rohan et de Guéméné, duc de Montbazon, lieutenant-général des armées du roi, né le 24 mars 1726, épousa, le 9 février 1743, Marie-Louise-Henriette-Jeanne de la Tour d'Auvergne, dont il eut un fils unique, Henri-Louis-Marie, prince de Rohan, grand chambellan du roi, capitaine de la compagnie des gendarmes de la garde, marié, le 15 janvier 1761, à Victoire-Armande-Josèphe de Rohan-Soubise. De ce mariage son issus : Charles-Alexis-Gabriel; Louis-Victor-Mériadec, né le 20 juillet 1766; Jules-Armand-Louis, né le 20 octobre 1768, et deux filles. - Par acte du 12 juillet 1781, Jules-Hercule-Mériadec de Rohan, et son fils, Henri-Louis-Marie, vendirent la châtellenie du Brandon à Lucien-François Daën.

 

XXVI       Lucien-François Daën, chevalier, seigneur d'Athée et du Brandon, comparut à l'assemblée électorale de la noblesse de Touraine en 1789. De son temps, l'étendue du domaine du Brandon était de sept arpents.

 


La tour est inscrite aux Monuments Historiques, par arrêté du 16 décembre 1936.



Bibliographie

Bibli. de Tours, fonds Salmon, Titres de Montbazon, I, II.

Bibli. nationale, Gaignères, 678.

De Marolles, Hist. des comtes d'Anjou, 2e partie, 6.

Chalmel, Hist. de Tour., I, 314; III, 11, 188-189.

Almanach de Touraine, 1760.

Maan, S. et metrop. ecclesia Turonensis, 141.

C. Chevalier, Promenades pittoresques en Touraine, 276.

Journal d'Indre-et-Loire du 14 juin 1846.

P. Anselme, Hist. généal. de la maison de France, IV, 423, 424, 569-70-71; V, 6, 8, 9; VII, 171; IX, 60, X, 231.

La Chesnaye-des-Bois et Badier, Diction. de la noblesse, XVII.

Mém. de la Soc. Archéol. de Tour., IV, 12; XI, 227 et suiv.