L'Eglise Saint-Médard

Cadastre Napoléonien (1812)
Cadastre Napoléonien (1812)
Vue Aérienne
Vue Aérienne

Histoire

Dédiée à Saint Médard , elle dépendait primitivement au chapitre d'Orléans qui le vendit, au XIème siècle, à l'abbaye de Saint-Julien. Un prieuré lui fut ajouté, qui fut cédé un peu plus tard à l'abbaye de Beaulieu.

 

Regnaud, abbé de Beaulieu (1233), mourut à Dierre le 11 décembre 1279 et eut sa sépulture dans le chœur de l'église paroissiale, du côté de l'Evangile.

 

Le prieur célébrait la messe dans la chapelle de Sainte-Catherine, située à l'entrée de l'église. Son bénéfice, dont le revenu était de 450 livres environ, constituait un fief relevant du château d'Amboise. En 1635, François Froment, sacristain de l'abbaye de Cormery, était prieur de Saint-Médard de Dierre.

 

Eglise

Au XIème siècle L'église est construite à l'origine avec une nef unique comme l'atteste le portail roman en plein cintre. L'église est à nef lambrissée, elle fut doublée au XVème siècle par un collatéral au midi grâce à une somme fournie par la corporations des bouchers d'Amboise dont on voit aux clés de voute les armoires, avec les principaux attributs de la boucherie, un bœuf, un couperet, un couteau et un fouril (fusil).

 

En compensation, ils avaient le droit de faire paître leurs bêtes dans les prés appartenant à la paroisse de Dierre situés en bordure du Cher. Ces prés, d'une étendue de cent vingt arpents, avaient été donnés, en 1250, aux. habitants, par Mathilde d'Amboise, à Condition que tous les ans ils honoreraient sa mémoire, par une procession qui se rendrait à l'abbaye de Fontaines-les-Blanches, où cette dame voulait être inhumée et qu'ils feraient brûler sur sa tombe un cierge du poids de deux livres.

 

 

L'intérieur est voûté de bardeaux chêne ou châtaignier sur une charpente à chevron formant fermes du XIIIème siècle.

Le sol conserve un dallage de pierre antérieur au XVIème siècle, constitué en partie de dalles funéraires et pour une autre partie de tommettes de terre cuite du XVIIIème et XIXème siècle.

 

Au XIIIème le chœur à chevet plat est construit sur l'abside d'origine. Il est percé de 3 baies (similaire à l'abbaye de Fontenay). A l'intérieur cette partie est couverte d'une voûte angevine à nervures et liernes en pierre.

 

La façade occident reflète très bien les trois campagnes de construction. Au centre la porte plein cintre est celle de l’église primitive du XIIème siècle, les deux autres portes correspondent aux nefs latérales Celle du midi, datant de 1542, a été condamnée et l’accolade à crochets qui la couronnait assez mutilée.

 

Au XVème siècle est édifié le collatéral sud et chevet plat gothique avec une porte occidentale gothique à pinacles et fleuron. Le volume extérieur de l'extension se compose de trois pignons percés d'une baie d'ogive à arc brisé centrée avec des remplages en pierre.

Au XVIème un troisième collatéral fut ajouté à la nef du côté septentrional, ainsi que le clocher : tour carrée ouverte à hauteur du beffroi par une flèche octogonale en pierre se posant sur un étage intermédiaire à huit pans percés chacun d'une baie. Ils furent bénits par l'archevêque de Tours, Martin de Beaune, en 1523.

 

Le chœur à voûtes en croisée d'ogives et liernes de style angevin Plantagenêt date de la fin du XIIème siècle, il est terminé par un chevet plat ajouré par un triplet en plein cintre dont la baie centrale est plus haute que les deux autres. A la clé figure un ange aux ailes déployées.

Au XIXème siècle, l’église avait une caquetoire devant le portail occidental et fut entourée d’un cimetière jusqu’à la fin de ce siècle. Le cimetière fut décaissé pour des raisons sanitaires et surtout par manque de places. La sacristie fut ajoutée dans le prolongement du bas-côté sud.

 

Le clocher fut élevé en même temps que le collatéral septentrional, c’est une tour carrée ouverte à la hauteur du beffroi par une fenêtre en plein cintre sur chaque façade et couronnée d’une flèche octogonale en pierre se posant sur un étage intermédiaire également à huit pans percés chacun d’une baie.

 

Le clocher est flanqué d'une tourelle d'escalier en vis en tuffeau couronné d'une coupole.

La cloche est en bronze et pèze près de de 300 kilos. Elle a été bénite et baptisée le 30 septembre 1888 du nom d’Anne-Eglantine, sa marraine fut Eglantine Coqueray.

 

 

La sacristie fut ajoutée dans le prolongement du bas-côté Sud.

 

L'église est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 17 novembre 1941 et ensuite classée par arrêté du 22 mars 1965


Visite

En 1963 Dierre a reçu la visite de la Reine-mère d'Angleterre, mère d'Elisabeth II, en visite privée dans la région, elle avait souhaité visiter une modeste église de campagne. Grâce au don qu'elle laissa des restaurations importantes purent être entreprises.

 


La Piéta

Comme un certain nombre de Vierges de pitié réparties géographiquement du Bourbonnais à la Touraine, la sculpture de Dierre est clairement articulée, la quasi verticalité de la silhouette de la Vierge formant comme une croix avec la quasi horizontalité du corps de son Fils.

 

A la façon des groupes du Bourbonnais, la Vierge de Dierre est assise sur un monticule bas, à la surface grumeleuse ; sous la tête du Christ, ce tertre est surmonté d'une sorte d'empilement rocheux, évoquant ici le schiste. Toutefois, contrairement à la plupart des exemples bourbonnais, la Vierge ne pose pas la main gauche sur le torse ou le périzonium du Christ mais joint les mains en prière où Marie est assimilée à une préfiguration du prêtre, prononçant les mots de la prière eucharistique, un type attesté dans toute la France centrale et méridionale, à partir du milieu du XVème siècle.

 

En Touraine, cette iconographie a également été retenue à Limeray et à Autrèche.

 

Par le manteau voile, la Vierge de pitié de Dierre s'inscrit dans l'interprétation tourangelle de cette iconographie ; par son visage à l'expression triste, encadré par une guimpe au bord supérieur finement plissé, elle rappelle un peu la sainte Anne de Chantelle (Paris, musée du Louvre), œuvre de Jean de Chartres, disciple de Michel Colombe.

 

Les traits du Christ, le traitement de la barbe et de la chevelure ressemble à la facture du Christ de la pitié de Solesmes ; la couronne d'épines à Dierre est une torsade, moins savante que l'entrecroisement de Solesmes, mais de dimensions analogues. A la différence des représentations de Solesmes, de Limeray et du Bourbonnais où la tête du Christ est inclinée vers les fidèles, le cou du Christ de Dierre n'est pas fléchi.

 

Le traitement du périzonium aussi est différente : à Solesmes, c'est un ligne plié à plat et croisé serré avec un court pan retombant sur la hanche du Christ, suivant le modèle bourbonnais, tandis qu'à Dierre comme à Limeray, il est constitué d'une étoffe plus souple, maintenue par un nœud serré, disposition qui est très fréquente pendant la première moitié du XVIème siècle et attestée, par exemple à Varennes-sur-Tèche (Allier), pour une Vierge de pitié datée entre 1499 et 1506 (Forsyth, 1995, p.105, 106 et 195). William H. Forsyth proposait de lier la commande de la Vierge de pitié de Dierre à un agrandissement de l'église, vers 1480.

Pourtant, par les rapprochements proposés avec des œuvres du début du XVIème  siècle, telles la sainte Anne de Chantelle ou la Vierge de pitié de Varennes-sur-Tèche, par la facture du périzonium, qui annonce également le XVIème siècle, il semble plus probable que ce groupe ait été sculpté dans les premières années du XVIème siècle.

 

Même si l'on n'est pas assuré qu'il se soit trouvé à Dierre avant la Révolution, il s'inscrit dans la production tourangelle soignée de l'époque, comme la Vierge de pitié de Villeloin ou celle de la Chapelle-Blanche-Saint-Martin (B. de Chancel-Bardelot, 2012).

Chazaud Guy (Conservateur des antiquités et des objets d'art )

 


Vitraux

Hormis quelques vestiges de grisailles ornementales réalisées en 1878 par Fournier et Clément, de Tours (non présentés ici), l'église Saint-Médard conserve, dans les baies de son collatéral nord, deux panneaux datant du premier quart du XVème siècle, période à laquelle l'édifice roman fut agrandi, après une première adjonction côté sud au cours du XVème siècle.

 

Ils occupent seulement les tympans des baies.

 

Ces vestiges de vitrerie Renaissance représentent le Calvaire et la Sainte Trinité. 


Ils sont classés Monument historique depuis 1913, et ont été restaurés en 1964.


Cartes postales