Situé derrière l’église, ce bâtiment en forme de tour ronde, destiné à l’élevage des vers à soie, a vraisemblablement été édifié au XVIème siècle.
Louis XI est à l’origine de l’installation des premiers métiers à tisser. En 1470, la première manufacture s’installe dans l’hôtel de la Clarté-Dieu, rue Constantine, à Tours.
Sous les règnes de Charles VII, Louis XII et François Ier, l’industrie de la soie prospère. En 1546, elle fait vivre trois mille personnes. Si à cette époque il n’existe pas de concentration industrielle, les métiers sont cependant regroupés sur les paroisses de Saint-Etienne, Saint-Vincent, Saint-Pierre-des-Corps et Notre-Dame-La Riche. Alors que la soierie Lyonnaise prospère, celle de Tours, éloignée des régions séricicoles, reste soumise aux caprices de la cour. Son déclin en Touraine est inexorable et provoqué par le marasme économique de la fin du règne de François Ier. Afin de réduire les coûts de production, la culture du mûrier et l’élevage des vers à soie sont introduits dans l’ensemble de la région. Henri IV, sur les conseils d’Olivier de Serre, agronome par un édit du 21 juillet 1602, ordonne de planter des mûriers près des villes de Paris, Tours et Orléans.
C’est une partie de l’histoire de la Touraine presque oubliée. Pourtant la sériciculture – l’élevage du ver à soie – a jadis occupé près d’un tiers de la population tourangelle, dont une majorité de paysans. Au XVème siècle, la soie, très prisée, est importée d’Italie. Pour réduire les dépenses et la dépendance vis-à-vis des Italiens, le roi Louis XI décide de développer une production sur son territoire. Son projet de manufacture à Lyon se heurtant à des protestations, il décide en 1470 de le déplacer à Tours où il est installé au château de Plessis-lès- Tours. Ainsi, il fait de la cité tourangelle le berceau de la sériciculture française.
700.000 pieds plantés à Tours entre 1744 et 1762
En 1603, la municipalité tourangelle achète au Languedoc trente livres de graines et vingt mille jeunes plants. Le roi encourage ce mouvement et par brevet du 23 février 1607 autorise Fontaines, capitaine du château du Plessis, à planter des mûriers blancs dans le parc du Plessis et sur les turcies qui en demandent pour élever des « vers à soyes ». Les conditions climatiques du terrible hiver de 1700 ruinent tout espoir. Mais les descendants de Monsieur Taschereau continuent la culture des mûriers et dans le cours d’un demi-siècle, la famille des pictières fait distribuer environ deux millions de plants. En 1754, il est distribué à 206 particuliers pas moins de 41.952 pieds pour être plantés en espalier et en charmille. En dépit des soins apportés, les mûriers vieillissent mal. Afin de les préserver, l’intendant demande et obtient du conseil royal une somme de 3.000 livres tournois prise sur l’imposition de la généralité. Une somme portée à 5.000 livres en 1722 sous Louis XV. Entre 1744 et 1762, il est planté dans toute la généralité de Tours plus de 700.000 pieds de mûriers dont 383.253 uniquement sur les terres dépendantes du Plessis. Afin de relancer l’industrie en 1755, des gratifications sont accordées pour l’éducation des vers à soie dans le but d’y établir des plantations de mûriers.
César Taschereau achète des terrains près du Plessis et y fait bâtir des locaux pour leur élevage. Entre 1762 et 1766, la pépinière royale du Plessis est l’établissement le plus important parmi les huit de la généralité, elle couvre 24 arpents.
De l’élevage du ver à soie ne restent que des traces. C’est tout un savoir-faire qui disparait.
« C’était une transmission familiale. Le père élevait, la mère filait aidée par les enfants qui étaient plongés dedans. » Cependant, la soie tourangelle n’a rien perdu de son prestige. Antoinette Roze est la 12ème génération à la tête des soieries Roze, l’une des dernières sinon la seule subsistant en Touraine. « A partir du 19ème siècle, Tours s’est spécialisé dans ce qu’il sait bien faire et avec qualité : la soie d’ameublement », explique-t-elle. Seulement, la soie tissée dans l’usine n’est plus locale mais importée de Chine. Cela n’efface en rien le passé séricicole de la région qui revit aujourd’hui par l’association Tours Cité de la Soie, présidée par Antoinette Roze.
Après sa dernière mue, la chenille se renferme dans son cocon : en tournant sur elle-même, elle sécrète une bave filamenteuse, et s’enroule ainsi dans une trentaine de couches de fil de soie d’une longueur d’environ 1,5 km.
Mais, lors de la transformation de la chrysalide en papillon, l’insecte ne doit pas percer le cocon, sinon, on ne pourra pas le dévider correctement. On va donc le soumettre à une température de 70 à 80 degrés (souvent dans un four à pain) pour tuer la chrysalide, mais sans détériorer le cocon lui-même, la soie pouvant supporter sans dommage des températures élevées.
Ensuite les cocons, ainsi « stabilisés », seront vendus à la manufacture pour être dévidés sous forme d’écheveaux de fils de soie, utilisés pour le tissage des soieries.
Ainsi, de Chinon à Montrichard, on va donc planter des mûriers blancs et construire des magnaneries à proximité, comme celles d’Azay-sur-Cher et d’Athée-sur-Cher. La production de vers à soie en Touraine encouragé successivement par Louis XV et le Duc de Choiseul, a ainsi pendant plus de deux siècles constitué une activité d’appoint considérable complémentaire à l’agriculture.
Mais à partir de 1863, l’apparition de la pébrine, une maladie du ver à soie causée par un champignon, décimera la totalité des élevages de vers à soie au milieu du XIXème siècle.
Cette bâtisse recouverte d’un toit plat incliné s’élève sur deux étages dont les parois intérieures sont creusées de multiples cavités appelées alvéoles en briques destinées à recevoir les chenilles d’un papillon, le bombyx ainsi que les feuilles de mûrier dont elles ne nourrissent. Deux ouvertures permettaient d’en assurer la ventilation et l’existence d’un petit foyer en brique servait de chauffage et permettait d’ébouillanter les cocons une fois arrivés à maturité.
La commune et la Fondation du Patrimoine ont décidé de la sauvegarder en lançant un projet de restauration.
Débuté en janvier 2018 et réalisé grâce au chantier d’insertion de la société Orchis, de Loches, employant cinq personnes, la restauration a consisté à la remise en état à l’identique du mur extérieur et intérieur avec la restauration des alvéoles de briques, leur rejointoiement et la réfection du sol en terre cuite en conservant à l’identique un petit foyer en brique qui servait à chauffer la tour.
Les travaux de charpente et l’utilisation des tuiles plates en bon état conservée telles quelles ainsi que la réfection du voligeage sont assurés par l’entreprise Robin, de Bléré.
La bande d’ardoise a été reconstituée avec des matériaux naturels neufs posés en incrustation dans la maçonnerie.
Le montant des travaux hors aménagements intérieurs s’élève à 66.250,00 € HT financé en partie grâce à des subventions : Fondation du patrimoine au titre du Fonds national en faveur de l’insertion par le patrimoine des publics en difficulté (12.000,00 €) ; Région (15.500,00 €) et autofinancement de la commune (38.750,00 euros).
Une souscription publique avec l’aide de la Fondation du patrimoine a été lancée l’an dernier afin de compléter le financement de cette opération qui, à ce jour, a permis de récolter plus de 5.000,00 euros.
A la demande des Bâtiments de France, la porte actuelle en bois située côté rue a été restaurée et conservée en l’état ; l’ensemble sera fixe et ne sera pas utilisé. Seule la porte d’origine située côté parking sera ouverte au public.
L’édifice conservera ainsi son affectation d’origine de magnanerie. Sa réhabilitation permettra de créer un espace ouvert au public avec un accès aux personnes à mobilité réduite (PMR) et identifié comme un site touristique à découvrir proposant expositions et animations sur l’histoire d’Athée-sur-Cher au temps de l’élevage du vers à soie et de la sériciculture.
La municipalité avait décidé d’inaugurer, dimanche, la tour de la Magnanerie lors des Journées du patrimoine. Cette tour, recouverte d’un toit plat incliné probablement érigée au XVIème siècle, située derrière l’église, était à l’époque destinée à l’élevage des vers à soie pour la production de soieries. Une inauguration particulièrement émouvante puisque ce sont Gisèle Dutertre, maire par intérim en 2020 suite au décès brutal du maire Jean-Jacques Martin, et Patricia Martin, son épouse, qui ont officié à cette cérémonie du coupé de ruban en mémoire à Jean-Jacques.
Association pour la Protection de l’Environnement
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