GIRARD D'ATHEE


LES COMBATS SUR LA TERRE DE FRANCE

Le 9 juin 1189, Philippe Auguste avait repris provisoirement la ville de Tours aux Anglais. Le 6 juillet, abandonné par ses fils Richard et Jean qui se sont provisoirement rapprochés du roi de France, Henri II Plantagenêt meurt au château de Chinon, après avoir été contraint de signer le traité d’Azay-le-Rideau, par lequel il renonce au Berry et au comté d’Auvergne. Son fidèle Étienne de Marsay, également dit Étienne de tours, sénéchal du Maine, de la Touraine et de l’Anjou, fondateur sur ordre du roi de l’hôpital Saint-Jean  d’Angers, refusa de restituer ces terres au roi de France. Richard Cœur de Lion, héritier du trône d’Angleterre, confisqua ses biens et l’emprisonna. Étienne de Marsay est mort en prison en 1190 (1). Un autre fidèle, Maurice II de Craon, avait combattu aux côtés d’Henri II au siège de Thouars en 1158, et avait été nommé gouverneur du Maine et de l’Anjou en 1174 puis doté d’un fief en Angleterre. Après la mort du roi, il s’était rallié à son fils Richard Cœur de Lion, et comme il avait épousé la veuve de Geoffroy III de Mayenne et que sa fille avait épousé Guy VI de Laval (2), les membres de ces deux puissantes familles l’avaient suivi dans ses choix. Ses fils Maurice III et Pierre soutiendront l’Angleterre, alors que plus tard son fils Amaury se ralliera à la cause française.

Fig. 1 : L’assaut de Tours par Philippe Auguste. Miniature de Jean Fouquet, illustrant Les Grandes chroniques de France (vers 1460, BnF, ms. fr. 6463)
Fig. 1 : L’assaut de Tours par Philippe Auguste. Miniature de Jean Fouquet, illustrant Les Grandes chroniques de France (vers 1460, BnF, ms. fr. 6463)

Le 13 juin 1194, Richard Cœur de Lion, qui a succédé à son père Henri II, reprend la lutte contre Philippe Auguste, et s’empare de la forteresse de Loches, après seulement trois heures de siège. À la mort de Richard, en 1199, après dix ans de règne, son frère cadet Jean sans Terre (John Lackland), se proclame roi et accourt à Chinon, où il obtient que le sénéchal d’Anjou Robert de Thornham lui remette le trésor royal. Jean lui confie alors la défense de Chinon, ainsi qu’à son lieutenant le Tourangeau Girard d’Athée. Dans son long poème intitulé La Philippide, Guillaume le Breton écrit que Girard est issu de parents serfs de naissance, et qu’il a très tôt usurpé le nom du lieu où il est né (3). En réalité, il semble plutôt avoir été sire d’Athée, et à ce titre vassal de Sulpice d’Amboise, auprès duquel, si l’on en croit plusieurs indices, il aurait été page.

 

La Touraine étant alors anglaise (depuis 1154), Girard d’Athée s’engage au service de son suzerain. Dès 1199, il parcourt la Touraine afin de ravitailler Loches et Chinon, les principales forteresses anglaises de la région. Remarqué par sa bravoure au combat et sa fidélité au roi Richard, son successeur Jean sans Terre se l’attache en lui confiant des postes de plus en plus importants. Mais la légitimité du nouveau roi autoproclamé est contestée par une partie des barons anglais, qui soutiennent le jeune Arthur de Bretagne (4), fils de Geoffroy, frère aîné décédé de Richard Cœur de Lion. Philippe Auguste profite de cette rivalité entre les deux héritiers du trône d’Angleterre, en soutenant d’abord Arthur, puis, en 1200, en s’alliant avec Jean sans Terre, qui a accepté de rendre au roi de France le Vexin et le Bas-Berry, par la signature du traité du Goulet. Ce traité fut fêté à Chinon en présence des deux rois, anglais et français.

 

Les partisans d’Arthur de Bretagne s’emparent alors de Tours. Aussitôt Girard d’Athée et Robert de Thornham attaquent et reprennent le château. Le roi Jean sans terre arrive dans la ville et, dès les premiers jours de sa résidence à Tours, le 21 août 1200, il confie la sénéchaussée de Touraine à Girard d’Athée, « en récompense de loyaux services civils et militaires ». Il le charge de la défense de Tours, en remplacement du chevalier Hamelin de Rorthe, qui avait été nommé par Arthur de Bretagne et qui s’était révélé coupable d’exactions envers la population. On accusa plus tard Girard d’Athée d’avoir massacré une partie des notables de la ville : en réalité, ce n’est pas lui qui pilla et incendia le quartier de Châteauneuf mais c’est l’œuvre, deux jours avant sa nomination, de « cotereaux » (pillards, routiers) dirigés par un certain Martin Algai.

 

 

L’année suivante, une charte datée de mars 1201, durant la courte trêve qui suivit l’entrevue des rois anglais et français près de Saint-Jean d’Angély, indique que Girard d’Athée, assisté du prévôt Guillaume d’Azay et de Jean Lemozine, tint une cour de justice à Loches, en l’absence du sénéchal de la ville Robert de Thornham. Il y régla un différend qui opposait Tancrède du Plessis aux moines de Villeloin, à propos des bois de Chédon (bosco de Chedun) et d’une terre située près de ceux-ci (5). La décision fut ratifiée par le sénéchal d’Anjou Guillaume des Roches, qui apposa son sceau sur la charte, à côté de celui de Girard d’Athée, ce dernier représentant un animal tournant la tête, entouré des mots Sigillum.Girardi.de.Ateis (6).

 

 

Au début juillet 1202, le jeune Arthur de Bretagne envahit l’Anjou. Aliénor d’Aquitaine, qui se trouvait à l’abbaye de Fontevraud, se replia alors vers Poitiers mais fut contrainte de se réfugier dans la forteresse de Mirebeau (7). Elle soutenait en effet son dernier fils, Jean sans Terre et, bien qu’âgée de 77 ans, avait entrepris de rallier à celui-ci les seigneurs angevins. Elle avait déjà ramené à la raison le vicomte Aimery de Thouars, qui en 1201 s’était révolté contre Jean.Elle s’était également déplacée à Tours pour rendre hommage à Philippe Auguste pour les possessions françaises des Plantagenêt. Arthur (son petit-fils) l’assiégea dans Mirebeau du 15 juillet au 1er août, prit la forteresse mais elle fut délivrée par Guillaume de Briouze, au service de Jean sans Terre (8), qui parvint à reprendre le château et capturer Arthur qui s’y était installé. Celui-ci fut emprisonné à Falaise, sous la surveillance d’Hugues de Bourg, puis transféré à Rouen l’année suivante par Guillaume de Briouze. En 1203, à l’âge de 16 ans, il y fut assassiné sur ordre de Jean sans Terre, ou directement par lui selon Maud, la veuve de Guillaume de Briouze : Jean, un soir d’ivresse, l’aurait étranglé et jeté son corps dans la Seine. Pour d’autres auteurs, le roi aurait donné l’ordre de castrer Arthur, et celui-ci serait décédé des suites de l’opération.

 

Quatre jours plus tard, par lettres patentes datées de Chinon, le roi anglais demanda à Guillaume des Roches, alors sénéchal du Maine et de l’Anjou, de mettre entre les mains de Girard d’athée la terre de Guillaume de Pressigny, car celui-ci, qui avait rallié Philippe Auguste, était alors considéré par Jean sans Terre comme « son vassal rebelle », et lui donna l’ordre de démanteler ses forteresses de Sainte-Maure et du Grand-Pressigny. Les mêmes lettres donnent consigne à Girard d’Athée de faire prisonnier et de mettre à rançon tous ceux qui ont « rompu le ban ».

 

Les revirements d’alliance de Philippe Auguste, qui avait soutenu Arthur de Bretagne puis l’avait abandonné, semèrent le trouble chez les chevaliers, pris entre la fidélité due au suzerain du moment, un jour anglais un autre jour français, leurs liens familiaux et leurs intérêts personnels. Guillaume de Pressigny, Barthélemy de L’Île, Jean d’Alluye, Guillaume d’Azay, Sulpice d’Amboise, Hugues de Champchevrier, comme Amaury de Craon ou Geoffroy de Palluau, passent d’un camp à l’autre. Mais la plupart vont se rapprocher du roi de France après avoir constaté les traîtrises de Jean sans Terre et la mort du jeune Arthur de Bretagne, mais surtout en voyant Philippe Auguste reconquérir peu à peu, inexorablement, les possessions anglaises de France.

 

Le sénéchal Guillaume des Roches, que nous venons d’évoquer, illustre bien l’attitude des seigneurs de cette époque. Né dans la Sarthe vers 1165, il était probablement le fils de Baudouin des Roches et d’Alice de Châtellerault, et petit-fils d’Hardouin des Roches, dont les origines sont tourangelles puisque situées à Rochecorbon. Après avoir fondé, vers 1187, le prieuré de Jupilles (Sarthe), confié aux moines de Marmoutier, il devient chevalier au service de Richard Cœur de Lion. Le sachant habile aux armes et expérimenté en politique, le roi anglais l’avait envoyé le 8 juillet 1193, avec trois autres seigneurs, négocier la paix auprès de Philippe Auguste. Veuf, Guillaume des Roches avait été remarié, à l’initiative de Richard Cœur de Lion qui se préparait à partir en croisade, avec la riche Marguerite, fille de Robert IV de Sablé, le chef de sa flotte.

Lorsqu’en 1199 Jean sans Terre s’était proclamé roi, Guillaume des Roches, qui ne l’appréciait pas pour avoir trahi son frère à plusieurs reprises, devint partisan d’Arthur de Bretagne. Celui-ci lui conféra alors la charge de sénéchal d’Anjou et du Maine, ainsi que de la Bretagne, avec la seigneurie de Mayet et la forêt de Bercé (Jupilles). Quelques mois plus tard, il prit la tête de l’armée d’Arthur (princeps exercitus Arthuri) et rejoignit au Mans les troupes de Philippe Auguste, alors allié au jeune prétendant au trône.

 

Déçu par l’attitude du roi de France, il travailla alors au rapprochement entre Arthur et Jean sans Terre. Celui-ci le confirma dans sa charge de sénéchal du Maine et de l’Anjou, et ajouta la Touraine à ses compétences. Le 3 septembre, Guillaume des Roches reçut même le roi anglais en son château sarthois de La Suze. Envoyé comme ambassadeur auprès des chanoines de la cathédrale d’Angers, il fut ensuite chargé de rencontrer les seigneurs français dont les terres avaient été confisquées par le roi de France, et qui souhaitaient obtenir un sauf-conduit pour émigrer en Angleterre. En juin 1202, Jean sans Terre chargea Guillaume des Roches de négocier à Rome un emprunt destiné à « faciliter » l’élection comme évêque d’Angers de Guillaume de Beaumont, un descendant de Constance, fille bâtarde d’Henri Ier d’ Angleterre.

 

 

Vers la Toussaint de cette année 1202 un autre noble, le Tourangeau Sulpice d’Amboise, jusqu’alors très hésitant, choisit de soutenir Philippe Auguste. Ayant rassemblé des troupes, il marche sur Tours et prend Châteauneuf, qui ne peut opposer aucune résistance. Sulpice y place une forte garnison, destinée à équilibrer la présence anglaise du château. Car Sulpice d’Amboise ne parvient pas à s’emparer de celui-ci, bien défendu par Girard d’Athée. Confiant la forteresse à son lieutenant Guillaume le Batillé, Girard se retire alors à Loches, peut-être pour éviter d’avoir à combattre Sulpice, son ancien suzerain, qu’il considère encore comme son ami. Durant tout l’hiver, le plat pays tourangeau est le théâtre d’escarmouches entre Français et « Anglais », lesquelles contribuent à ruiner la province. Girard d’Athée parvint probablement à capturer plusieurs de ses adversaires, car le roi Jean lui demanda, dans une lettre du 4 décembre 1202, de reverser au trésor royal une partie des rançons obtenues.

Le roi anglais donne, en janvier 1203, l’ordre à ses officiers de confier à Girard d’Athée la désignation d’un capitaine pour le château de La Guerche, qui relevait du baron Eschivard de Preuilly, bien que celui-ci soit un partisan des Anglais. Mais, en mariant sa fille aînée Jeanne à Robert d’Alençon, favorable au roi de France, Josbert de La Guerche risque de faire passer son château, important point d’appui entre Touraine et Poitou, sous le contrôle de ses adversaires. Le nouveau capitaine de La Guerche, Hugues V, qui avait épousé la seconde fille de Josbert de La Guerche, doit verser une caution garantissant sa fidélité au roi anglais, et s’engager à empêcher Robert d’Alençon, comte de Sées, d’exercer une quelconque autorité sur la région. Jean sans Terre, qui n’a pas confisqué le château, pas plus que les revenus du domaine, fut rapidement récompensé de sa modération : dès l’année suivante, Robert d’Alençon prit en effet le parti des Anglais et défendit vigoureusement Rouen assiégée par Philippe Auguste.

 

 

Après l’assassinat d’Arthur, dont il avait en vain plaidé la libération, Guillaume des Roches se rapprocha du roi de France et devint, dans le Maine et l’Anjou, l’ennemi d’Amaury de Craon et de Juhel de Mayenne, membres de sa famille par alliance mais tous deux restés partisans du roi anglais. Les soldats de Jean sans Terre s’emparèrent alors du château de La Suze, propriété personnelle de Guillaume, et y restèrent de septembre 1202 à avril 1203. Plus tard, Guillaume se réconcilia avec les seigneurs mayennais, et maria sa fille aînée, Jeanne, avec Amaury de Craon.

 

En février 1203 le roi anglais, par l’intermédiaire de Girard d’Athée, offrit aux moines de la Chartreuse du Liget (à Chemillé-sur-Indrois), monastère fondé en 1178, la somme de 20 livres « de monnaie angevine », destinée à la réparation de l’église. Puis le 5 août, il donna l’ordre à Girard de verser à l’un de ses sergents, pour le récompenser de ses services, une rente à prendre sur la seigneurie de Loches. Il lui ordonna également d’échanger ses prisonniers, de verser la rançon demandée pour le vicomte de Châteaudun, retenu par Philippe Auguste, et de libérer Geoffroy de Palluau, « à la demande de ses féaux sujets Girard d’Athée, Eschivard de Preuilly, Guy Sennebaud et Guillaume du Rivau ». Mais le roi insista pour que le château de Montrésor (à Geoffroy de Palluau) soit rasé. Enfin, il demanda à Girard d’Athée de verser à Barthélemy Savary (de L’Isle-Savary en Berry) la rente qui lui a été promise.

 

À la suite de l’exécution d’Arthur de Bretagne son allié, Philippe Auguste avait décrété la confiscation des terres anglaises de France, provoquant ainsi la reprise de la guerre entre Anglais et Français. Guillaume des Roches parvint à prendre Angers puis Saumur, ensuite Beaufort-en-Vallée et enfin Chateauneuf-sur-Sarthe, rendant ainsi l’Anjou à Philippe Auguste, qui aussitôt lui redonna sa charge de sénéchal ! Guillaume en rendit hommage au roi à Poitiers l’année suivante, en août 1204.

 

 

Au milieu du mois d’août 1203, les Français ayant causé de gros dommages au château, le gouverneur pro-anglais Guillaume le Batillé ne put que se rendre sans combattre. Philippe Auguste nomma alors Geoffroy des Roches pour le remplacer. À cette occasion, le roi fit frapper les premiers deniers tournois « royaux », portant à l’avers la mention Philippvs rex, en reprenant à son compte les deniers de la basilique Saint-Martin et en les déclarant monnaie officielle, en même temps que le denier parisis. La mention Scs Martinvs du revers fut, quelque temps plus tard, remplacée par le nom de la ville, Tvronvs civi (9).

 

En même temps Geoffroy de Palluau, seigneur de Montrésor (libéré des geôles anglaises mais dont le château de Montrésor avait été démantelé), attaquait sans répit les soldats de la garnison de Loches dès que ceux-ci se risquaient hors de la forteresse. Mais le roi de France étant parti guerroyer en Normandie, la ville de Tours passa à nouveau aux mains des Anglais dès septembre, grâce aux attaques menées par Girard d’Athée et Hubert de Bourg, fidèles partisans de Jean sans Terre. Ceux-ci incendièrent plusieurs maisons et passèrent au fil de l’épée quelques notables de la ville. Guillaume de Batillé fut chargé de remettre le château en état.


Le 2 septembre, le roi Jean demanda à Girard de verser à la Chartreuse du Liget une rente de 60 sous angevins.

 

 

Au cours du premier trimestre 1204 Girard, avec l’accord de son épouse Louve et de son fils Jean, donne à la cathédrale de Tours une maison et une place situées entre Saint-Maurice et la tour du roi, c’est-à-dire entre la psalette et la rue Albert-Thomas (10). Enfin, dans des lettres patentes du 29 juillet 1204, Jean sans Terre ratifie le don fait par Girard d’Athée en faveur de son courrier Josbert d’une rente perpétuelle de 100 sous, à prendre sur les revenus de Loches. Ces lettres, adressées « au sénéchal de Loches », montrent que le capitaine de la forteresse bénéficiait d’un statut particulier. Le 8 août de la même année, le roi anglais ratifie les traités signés par Robert de Thornham, alors sénéchal du Poitou, Hubert de Bourg et Girard d’Athée, avec les seigneurs qui viennent d’abandonner le parti de Philippe Auguste pour le rejoindre.

 

Mais, à cette date, le roi de France a réussi à s’emparer de la Normandie, du Maine, de l’Anjou et de la Touraine, à part quelques places fortes qui résistent encore. En août, il prend Poitiers et une partie du Poitou. Le roi Jean fait envoyer de l’argent à ses partisans poitevins, par l’intermédiaire d’un bateau des frères hospitaliers de Jérusalem, en vain. À l’approche de l’hiver, les troupes de Philippe Auguste bloquent Chinon et Loches.

 

 

Chinon, défendue par l’Anglo-irlandais Robert de Lacy, tombe aux mains des Français, puis en avril 1205, le roi de France, qui vient de recevoir des renforts en artillerie, entre à Loches assiégée depuis un an par Dreux de Mello. Girard d’Athée, qui a résisté jusqu’à épuisement de la nourriture et des munitions, est fait prisonnier, avec ses 120 chevaliers et écuyers. Le roi confie le château, qui appartenait jusqu’alors en douaire à Bérengère, veuve de Richard Cœur de Lion, à Dreux de Mello, il donne Chatillon-sur-Indre au fils de celui-ci, Loudun et la sénéchaussée du Poitou à Aimery de Thouars. Le château de Langeais, qui avait été confié par Arthur de Bretagne à Robert de Vitré, est donné au roi par celui-ci, en échange du château de Saint-Sauveur près de Vire, en Normandie.

Fig. 5 : Les bourgeois de Tours donnent les clés de la ville au roi Philippe Auguste (Grandes chroniques de France, Paris, XIVe siècle, BnF, manus. fr. no 2813, fo 234).
Fig. 5 : Les bourgeois de Tours donnent les clés de la ville au roi Philippe Auguste (Grandes chroniques de France, Paris, XIVe siècle, BnF, manus. fr. no 2813, fo 234).

Capturé lors de la chute de Loches, Girard d’Athée est emprisonné à Compiègne. Le roi anglais lui fait parvenir dans sa prison la somme de 40 marcs d’argent afin qu’il puisse subvenir à ses besoins, puis il propose au roi la somme de 2 000 marcs pour payer sa rançon, mais Philippe Auguste ne donne pas suite. Trente mois plus tard, en octobre 1207, Girard d’Athée est enfin libéré, contre la très forte rançon de 3 000 marcs d’argent « de nouveaux deniers », négociée par l’intermédiaire du maître de la milice du Temple. Elle fut versée par le roi Jean lui-même, preuve qu’il estimait hautement le Tourangeau. Celui-ci s’embarqua alors pour l’Angleterre avec sa femme, ses enfants, ses vassaux et ses proches parents : Girard son neveu, son autre neveu Engelrand de Cigogné et André de Loches, grâce à un sauf-conduit fourni par le roi anglais. On sait par ailleurs qu’en 1207 Guillaume des Roches reprit Parthenay, alors défendu par Guy de Thouars pour le compte de Jean sans Terre, et captura en même temps Savary de Mauléon, alors sénéchal du Poitou.


LES TOURANGEAUX EN ANGLETERRE

Girard d’Athée émigra avec ses vassaux et sa parentèle, soit une douzaine de personnes, tous Tourangeaux. Parmi eux, les sires de Cigogné et de Chanceaux s’installèrent au manoir de Hurstbourne, dans le sud de l’Angleterre (11). Nommé le 5 janvier 1.208 shérif (12) du comté de Gloucester, au Sud-ouest de l’Angleterre (Costwolds, vallée de la Severn, Bristol), Girard d’Athée devint en même temps constable (13) du château de Bristol en lieu et place de Robert de La Rochelle, et le 23 mai shérif du comté de Hereford, 25 kilomètres à l’est de la frontière du Pays de Galles, 40 kilomètres au nord-ouest de Gloucester. Le roi lui confia la responsabilité de la somme de 1.000 marcs d’argent, apportée par Guillaume de Thornham au château de Gloucester, dont Guy de Chanceaux avait été nommé constable.

 

Les comptes des shérifs, inscrits dans le Pipe Roll (14), indiquent que Girard fut chargé d’un transfert d’argent entre le trésor royal de Marlborough (comté de Wiltshire) et Bristol, 17.000 marcs d’argent, très grosse somme qui montre la confiance dont il jouissait auprès de Jean sans Terre. Il fut d’ailleurs grassement récompensé, puisque le roi lui remit 10 sacs d’argent, soit 500 marcs, à partager avec Guy de Chanceaux. Mais la popularité de Girard d’Athée auprès du roi suscita rapidement des jalousies au sein de la haute noblesse anglaise.

 

Celui-ci fut également chargé de faire remettre en état les arbalètes du château de Bristol, en faisant appel à un maître-arbalétrier, et de « garder avec soin » le chevalier Pierre, fait prisonnier à Bourg. Une autre ligne du Pipe Roll cite à nouveau Girard d’Athée : la reine Isabelle (15) étant venue à Gloucester, c’est lui qui fut chargé de régler ses dépenses, d’un montant de 10 marcs d’argent.

À la mort de l’archevêque de Cantorbéry, en 1205, le roi fit pression pour le faire remplacer par son ami l’évêque de Norwich, contre l’avis des chanoines de Cantorbéry. Mais le pape imposa Étienne Langton, que le roi refusa. Le pape, en 1208, jeta alors l’interdit sur le royaume d’Angleterre puis, pour faire céder Jean sans Terre, l’excommunia l’année suivante. Celui-ci décida alors de chasser d’Angleterre les moines, cisterciens surtout, et de confisquer leurs biens. Girard d’Athée, comme d’autres shérifs, fut chargé de vendre les monastères et les propriétés religieuses de sa circonscription. Seuls quelques abbés, qui acceptèrent de prêter allégeance au roi et de verser une forte somme d’argent, purent conserver leurs terres. Girard confisqua ainsi les 700 hectares de l’abbaye de Cirencester (abbaye d’augustins, fondée en 1117), et en garda probablement une partie : le Pipe Roll montre combien Girard et Engelrand avaient coutume de marchander avec le roi pour obtenir toujours plus de droits et de privilèges.

 

Girard reçut l’ordre de s’emparer de tous les navires des côtes du Somerset et du Pays de Galles, sauf ceux du Danemark et de la Norvège ; il saisit également les manoirs de l’évêque de Bath, et conduisit auprès du roi, en septembre 1208, le chevalier Gérard, otage de Savary de Mauléon, afin qu’il soit gardé à Nottingham. Nous savons par ailleurs qu’à la fin de cette même année, Girard d’Athée prit part au conseil du roi, à la cour de Bristol lorsque Llewellyn, prince de Galles du Nord, fit sa soumission à Jean sans terre.

 

En 1211, en lutte contre son ancien lieutenant Guillaume de Briouze (William de Braose), le roi Jean lança contre lui Girard d’Athée. Celui-ci réussit à le faire capituler et à lui faire payer 1.000 marcs d’argent pour rembourser les frais de l’expédition. Guillaume s’enfuit alors en Irlande, puis en Écosse et enfin en France, mais Girard fit arrêter sa femme, Maud, qui avait accusé le roi d’avoir lui-même exécuté le jeune Arthur de Bretagne, et qui refusait de livrer ses fils en otages, comme le roi l’exigeait de tous ses barons. Maud de Briouze et son fils Guillaume, emprisonnés au château de Windsor, y sont morts de faim. le gouverneur de la forteresse était alors Engelrand de Cigogné, dont les barons anglais demandèrent l’expulsion, en vain.

 

 

La dernière mention de Girard d’Athée, resté jusqu’au bout fidèle au roi anglais, malgré l’excommunication prononcée par le pape, date de septembre 1213 : il reçoit alors, des mains de son neveu et vassal Engelrand de Cigogné, la garde du manoir de Kingeslan. Un autre de ses vassaux, Guy de Chanceaux, apparaît dans un document de 1214. Girard fut remplacé dans ses fonctions de shérif du comté de Gloucester, par Engelrand de Cigogné, assisté de sa femme Agathe et de son fils Olivier. Au cours des années précédentes, Engelrand avait entrepris une tournée des villes soumises à sa juridiction, et avait prélevé 22 livres d’amendes, en 1210 il avait reçu également à Bristol, de la ville de Gloucester, la somme de 500 marcs d’argent, participation au financement de la campagne victorieuse du roi en Irlande. Une autre de ses tâches avait été de payer la nurse du fils du roi, le futur Henri III. Engelrand était, comme Girard, très impopulaire et la chronique de Saint-Alban les qualifie tous les deux de conseillers très injustes (consilarios iniquissimos (16)). Il garda son poste jusqu’à 1216, date de la mort du roi.

 

Dès 1214, peut-être malade, Girard n’intervient plus directement, il semble être décédé en Angleterre en 1215. L’année suivante, une partie de ses prérogatives passa à son fils Jean, mais celui-ci ne parvint jamais à égaler la carrière de son père. Le roi lui montra cependant de l’estime, puisqu’en 1216 il lui donna les terres confisquées à un nommé Simon, domaine s’étendant sur cinq comtés, et lui octroya une rente de 50 livres. Plus tard, en 1224, le roi Henri III dédommagea Jean d’Athée des frais d’un voyage qu’il lui avait demandé d’effectuer.


PENDANT CE TEMPS,  DE NOUVEAUX COMBATS EN FRANCE

En 1212 le roi Jean, en tant que duc de Normandie, prépara une expédition pour récupérer ses terres françaises menacées et parfois envahies par Philippe Auguste, avec l’appui du comte Raymond VI de Toulouse. Engelrand de Cigogné fut chargé de faire fabriquer des arcs, ainsi que des arbalètes et 45.000 carreaux. Il réquisitionna également 30 hommes de sa ville de Gloucester. Engelrand de Cigogné reçut l’ordre de payer le transfert du trésor royal jusqu’à Portsmouth, de fournir 300 Gallois pour les bateaux ainsi qu’une certaine quantité d’acier. Deux ans plus tard, le 15 février 1214, Jean sans Terre à la tête d’une coalition rassemblant les comtes de Boulogne et des Flandres ainsi que l’empereur germanique Otton IV, débarqua à La Rochelle, en même temps que ses alliés attaquaient dans le nord de la France. Philippe Auguste envoya son fils Louis, futur Louis VIII, avec 14.000 hommes garder la Loire, donc la Touraine et ses voisines, le Maine et l’Anjou.

 

Le roi de France s’assura de la fidélité des hauts seigneurs angevins et tourangeaux en les faisant s’engager au nom de leurs vassaux. Ainsi, dès 1209, le baron de Preuilly et de La Roche-Posay Eschivard II (qui mourra en 1218 lors de la troisième croisade) avait-il dû jurer que le vicomte Pierre de Brosse, désormais sire de Langeais et de Chatillon-sur-Indre, resterait fidèle au roi de France. Son fils cadet, Josbert, doit en 1212 s’engager à verser la somme de 100 livres d’or ou son château de Champtocé-sur-Loire (Maine-et-Loire) au cas où Amaury de Craon trahirait le roi. Mais Amaury se rallia à la cause de la France et lui resta fidèle, comme son demi-frère Juhel de Mayenne.

 

Plus tard, en 1218, Geoffroy III, fils aîné d’Eschivard, succédant à son père, dut de même s’engager pour son vassal Guillaume de Faye, signe du peu de confiance qu’avait Philippe Auguste en ces châtelains souvent prêts à suivre le vainqueur du moment.

 

Jean sans Terre, face à la pression populaire et à celle de certains de ses barons, fut contraint de se soumettre au pape : il s’agenouilla le 15 mai 1213, à Douvres, devant son légat. Il accepta de verser 1.000 marcs par an à la papauté, il reconnut Étienne Langton comme archevêque primat d’Angleterre, et restitua les biens religieux confisqués. Puis, se sentant moins menacé, il prit la tête de son armée.

 

Le roi arriva le 2 juillet 1214 aux portes d’Angers, prit la ville, mais ne parvint pas à s’emparer de la forteresse de La Roche-aux-Moines (17), fermement tenue par le sénéchal d’Anjou Guillaume des Roches, qui y avait conduit un renfort de 4.000 hommes.

 

Celui-ci résista farouchement, permettant ainsi à Louis de France d’accourir et de repousser les Anglais. Guillaume était assisté de son gendre Amaury de Craon, mais le frère de celui-ci, Pierre, qui s’était fait religieux, avait choisi dès les années 1208-1210 d’émigrer en Angleterre, où Jean sans Terre, en 1215, lui restitua des fiefs anglais que son père Maurice II de Craon y avait obtenus du roi Henri II Plantagenêt.

 

Quinze jours plus tard, la coalition anglaise se trouva à Bouvines (18) face aux troupes de Philippe Auguste, qui l’emportèrent.

Fig. 6 : La bataille de Bouvines, 27 juillet 1214
Fig. 6 : La bataille de Bouvines, 27 juillet 1214

Le 14 septembre, Jean d’Angleterre signa avec Philippe Auguste une trêve de cinq ans puis, devant la révolte de ses barons, il fut contraint d’accepter la Grande Charte, qui réduisait ses pouvoirs. L’article 50 de cette Magna Carta signée en 1215 (19), montre combien les Tourangeaux fidèles au roi étaient haïs par la noblesse anglaise : « Nous priverons de leurs domaines les parents de Girard d’Athée, afin qu’ils n’aient plus à l’avenir aucune charge en Angleterre, à savoir : Engelrand de Cigogné, Pierre, Guy et André de Chanceaux, Guy de Cigogné, Geoffroy de Martigny et ses frères Philippe et Marc, et son neveu Geoffroy, et toute leur engeance. »

 

 

L’article 51 précise : « Dès que la paix sera revenue, nous bannirons du royaume tous les chevaliers d’origine étrangère… qui sont venus… au détriment du royaume. »

Fig. 8 : Pierre tombale de Jean sans Terre (Cathédrale de Worcester)
Fig. 8 : Pierre tombale de Jean sans Terre (Cathédrale de Worcester)
Fig. 7 : Le roi Jean signe La Magna Carta
Fig. 7 : Le roi Jean signe La Magna Carta

Le roi Jean est mort de la dysenterie le 18 octobre 1216, au château de Newark, dans le comté de Nottingham, laissant sa couronne à son fils Henri III, âgé seulement de 9 ans. Guillaume des Roches, premier porte-bannière du roi pour l’Anjou, protecteur de l’abbaye de La Couture depuis 1211 (20), seigneur de Château-du-Loir et de Sablé, toujours à son poste de sénéchal d’Anjou, partit en 1218 combattre les Albigeois avec son gendre Amaury de Craon. Revenu l’année suivante, il décéda six ans plus tard, en 1222, avec le titre de sénéchal héréditaire de Maine, Anjou et Touraine. Ce titre passa alors à son gendre puis, à la mort de celui-ci, en 1226, à sa veuve, Jeanne, qui hérita de la charge et que le roi lui conserva ! En 1223, à la fin du règne de Philippe II Auguste, les Anglais ne contrôlent plus que la Guyenne, de la Gironde au Béarn…

Blason de Jean sans Terre (De gueules à trois léopards d'or armés et lampassés d'azur)
Blason de Jean sans Terre (De gueules à trois léopards d'or armés et lampassés d'azur)
Blason de Philippe Auguste (D'azur semé de fleurs de lys d'or)
Blason de Philippe Auguste (D'azur semé de fleurs de lys d'or)


Notes :

1. Ses descendants ont progressivement acheté le Liget et La Corroirie de Chemillé-sur-Indrois à partir de 1837. Deux des filles de M. Henry de Marsay sont propriétaires, l’une de la Chartreuse du Liget et l’autre de la Corroirie.

 

2. Les Laval étaient déjà alliés aux Anglais. En effet, Guy V, père de Guy VI de Laval, avait épousé en secondes noces Emma, fille du roi d’Angleterre Henri Ier Beauclerc. Guy VI est mort en 1210.

 

3. « Né de parents obscurs, à la glèbe asservis, son cœur ne dément pas le sang qui l’a fait naître… ». Guillaume le Breton, chapelain chargé vers 1210 de l’éducation de Pierre Charlot, fils naturel de Philippe Auguste, devint moine à Saint-Martin de Tours, puis évêque de Noyon, jusqu’à sa mort en 1249. Son zèle à l’égard du roi de France fut critiqué par d’autres auteurs contemporains (Gilles de Paris…), et le nom même de son poème à la gloire de Philippe Auguste montre que Guillaume le Breton n’était pas impartial.

 

4. Arthur est le fils posthume de Geoffroy, frère aîné de Richard Cœur de Lion, et de Constance, héritière du duché. Né en 1187, duc de Bretagne en 1194, il est reconnu comme roi d’Angleterre par plusieurs barons anglais et comme suzerain de l’Anjou, du Maine et du Poitou par le roi de France. Maud de Braose (ou Briouze) accusa Jean sans Terre de l’avoir tué lui-même. Shakespeare en a fait le sujet de sa pièce Le Roi Jean.

 

5. la charte de 1201 cite Girardo de Atteis, Guillermo de Azaio, Gauffridus et Guillelmus, filii ejusdem Tancredi. Sont témoins : Guillaume de Pernay, Jean de L’Étang, Hamelin de Porte prévôt de Tours, Guillaume du Pont, Pierre Achard, Nicolas, archiprêtre d’Amboise… (Housseau, vol. VI, no 2153).

 

6. Le sceau de Girard d’Athée a été dessiné en 1699 par Roger de Gaignières (ms no 678, fo 23).

 

7. Aliénor d’Aquitaine se rendit ensuite en Espagne, d’où elle ramena Blanche de Castille, qui épousa Louis de France, fils de Philippe Auguste. Elle est décédée à Poitiers en 1204, à l’âge de 82 ans, peu après la prise de Château-Gaillard par Philippe Auguste. Son gisant se trouve à l’abbaye de Fontevraud (M.-et-L.), aux côtés de celui de son époux Henri II (révoltée contre celui-ci, elle avait passé 15 ans en prison), de son fils Richard Cœur de Lion, et de la femme de Jean sans Terre, Isabelle d’Angoulême.

 

8. La vie aventureuse de Guillaume de Briouze, d’origine normande (Orne) mériterait de longs développements. Époux de Maud de Saint-Valéry, père de 17 enfants (dont Gilles, évêque d’Hereford en 1200, qui se réfugia en France lorsque le pape excommunia l’Angleterre), il combattit aux côtés de Jean sans Terre en Normandie, captura Arthur de Bretagne à Mirebeau. Le roi lui donna en Irlande le Nord-Munster puis Limerick en 1206 avec cinq châteaux et le titre de shérif de Hereford et de juge itinérant du Gloucester. Décrit comme « ambitieux, avisé, fin stratège, massacreur Gallois », il était l’un des 10 barons les plus riches d’Angleterre. Jean confisqua ses biens en 1208 et le mit hors la loi. Réfugié en France, il trouva la mort au cours d’un tournoi, en 1211, et fut enterré à Saint-Victor de Paris. ».

 

9. Monnaie de 0,92 g, portant à l’avers, dans le champ, une croix pattée, et au revers la basilique Saint-Martin de Tours, stylisée.

 

10. Girardus de Atheis, Lupæ uxoris meæ et Johannis filii et heredis mei… domum et plateam qui jacet inter ecclesiam et turrim Regis… Témoin : P. Winch. [Pierre des Roches, évêque de Winchester, cité ailleurs en 1206] (Liber de compositione castri Ambaziæ, p. 49)

 

11. Hurstbourne est une ville du Hampshire, comté du sud de l’Angleterre (Southampton, Portsmouth, Winchester…).

 

12. L’Angleterre était gouvernée d’une façon décentralisée, autour de grands barons. Shérif vient de shirereeve, administrateur d’un shire, comté. Le shérif est responsable de la perception des taxes, sur lesquelles il prélève une commission. Il est chargé de la sécurité, il a le droit, en cas de danger, de lever des hommes pour défendre sa circonscription, il est également juge, souvent itinérant.

 

13. Le constable est un officier à qui le roi a confié la garde d’un important château. Il est, dans la ville entourant la forteresse, chargé de l’exécution des lois et du maintien de l’ordre.

 

14. Le Pipe Roll est un ensemble de registres des recettes et des dépenses des shérifs et autres officiers royaux, avec leur nom, tenus à partir de 1130 par l’Échiquier. La Pipe Roll Society a publié ces registres.

 

15. Isabelle, fille du comte d’Angoulême, âgée de 13 ans, était fiancée à Hugues de Lusignan. En 1200 Jean sans Terre, qui avait alors 20 ans de plus que la jeune fille, l’enleva et l’épousa à Chinon. Philippe Auguste en profita pour annoncer la confiscation des terres françaises du roi anglais. La guerre reprit alors entre les deux rois, Philippe Auguste étant soutenu par les partisans du duc de Bretagne, le jeune Arthur Ier

 

16. Chronique de Saint-Alban, Petite Histoire de l’Angleterre [1067-1251], rédigée entre 1250 et 1259 par Mathieu de Paris.

 

17. La Roche-aux-Moines se trouve sur la commune de Savennières (Maine-et-Loire), à quelques kilomètres à l’est d’Angers. La forteresse, en contrebas d’un prieuré, a été rasée en 1592. L’actuel château ne date que de 1839.

 

18. Bouvines est situé entre Cysoing et Sainghin (Nord), au sud-est de Lille. La bataille eut lieu un dimanche, contrairement aux prescriptions de la « paix de Dieu ».

 

19. la Magna carta libertatum, ou Grande Charte, comprend 63 articles, arrachés par les barons au roi Jean sans Terre le 15 juin 1215, cinq jours après que des barons révoltés se soient emparés de Londres. Elle fut rédigée en France, à l’abbaye de Pontigny, par des nobles anglais émigrés. Elle affirme le droit à la liberté individuelle, garantit les droits féodaux, la liberté des villes, et impose au roi un contrôle des impôts par les vingt-cinq plus puissants barons. Jean sans Terre, puis le pape, dénoncèrent très vite cette charte, provoquant une guerre civile. Après la mort du roi, les régents promulguèrent une nouvelle charte (en supprimant la clause 61 disant que les 25 grands du royaume pouvaient annuler les décisions royales). La charte fut à nouveau amendée en 1225.