L'ABBE LACOUR


L'abbé Lacour, homme d'exception, résistant et passeur.

Marcel Lacour est né à Plombières, dans les Vosges, en 1883, dans une famille d'un jeu modeste. Après des études au grand séminaire de Tours, il sera ordonné prêtre le 5 juin 1909, à Dijon, et nommé vicaire à Bléré en 1912, puis prêtre à Bournan de 1913 à 1922. Combattant et blessé lors de la Première Guerre mondiale, il sera aumônier militaire. Après la guerre, il prêchera à Perrusson de 1922 à 1933 puis à Véretz. Il sera enfin nommé à Athée-sur-Cher le 30 août 1935.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il organisa une résistance à l'occupant, seul désir étant d'aider sues paroissiens et de leur « conserver la liberté ».

De 1940 à 1942, la ligne de démarcation établie par les Allemands traversait la commune d'Athée-sur-Cher. Son église étant située à quelques pas de la ligne de démarcation, l'abbé Lacour a fait passer près de 2.500 personnes en zone libre, située à quelques pas de l'église.

Les soldats postés au château de La Chesnaye eurent rapidement la visite de l'abbé, qui voulait connaître les heures de passage des patrouilles aux abords de là ligne. Il invitait donc les occupants à du presbytère pendant que les postulants en quête de liberté franchissaient le Cher pour se rendre en zone libre.

Cette activité fut très vite connue dans la région.

 

Cependant, les Allemands vinrent l'arrêter à deux reprises, mais relâché, il poursuivit son activité de passeur.

Cependant, le jeudi 13 avril 1944, à l'issue de la célébration de la messe, il fut arrêté par la Gestapo suite à une dénonciation. Ilfut interrogé et torturé pendant un mois à la Gestapo de Tours.

 

Une semaine à peine avant la libération de Paris, par les troupes françaises et ses alliés, un dernier train de déportés partait de Compiègne vers l’Allemagne emportant quelques 1.250 prisonniers vers un destin inconnu.

Un lieu improvisé, au cœur de la forêt de Rethondes, avait été préféré à la gare servant habituellement de départ aux précédents convois menant vers les camps de la mort. Partis par camion dans la matinée du 17 août du camp de Royallieu par une chaleur extrême, des hommes usés, malades ou meurtris par la torture, allaient être entassés dès l’après-midi à 80 ou 100 dans des wagons à bestiaux. Le convoi ne partira que le lendemain.

 

L’abbé Marcel Lacour faisait partie de ce dernier convoi partant de Compiègne pour arriver au camp de concentration de Buchenwald le 21 août 1944. Il y mourut le. 20 novembre 1944.


Marcel Lacour, de par ses origines vosgiennes et ses études supérieurs, parle allemand couramment. Le poste de commandement allemand du secteur est établi au château de la Chesnaye. Les fonctions sacerdotales de l’abbé lui permettent d’obtenir un « Ausweis » : le laissez-passer qui l’autorise à franchir de manière régulière la ligne de démarcation. Il fait alors preuve d’une cordialité « calculée » envers l’occupant, en les visitant ou en les invitant régulièrement à venir déguster « le bon vin de Touraine » dans son presbytère. Cela lui permet de connaître avec précision les horaires des patrouilles chargées de surveiller la ligne de démarcation et « d’occuper l’occupant »... Il accueille, nourrit et loge pendant ce temps, avec l’aide des habitants du village, les soldats ou officiers évadés, français ou alliés, les civils persécutés ou réfractaires, et tous les autres candidats à la liberté...

Faisant preuve d’une imagination sans bornes, il les « déguise » en enfants de chœur, en prêtres... Il organise des processions d’où, curieusement, la moitié des « pèlerins » ne reviennent pas... Il traverse régulièrement la ligne de démarcation dans son automobile (une Peugeot 201 qu’il ne conduit pas lui-même) pour aller donner les derniers sacrements à des mourants réels ou imaginaires et en profite pour transporter ses « invités » ou pour déposer et récupérer le courrier à Reignac-sur-Indre ou à Cigogné".

 

Extrait du live de Franck Boulinguez : "Marcel Lacour, curé, soldat et résistant"