C'est à l'issue de quatre acquisitions successives de diverses petites parcelles utilisées jusqu'alors comme simples potagers qu'Auguste Marcel se constitua durant l'été 1830 une propriété d'un seul tenant s'étalant sur environ 2200 m2 en bordure de la rue des Fossés, ancien chemin de ronde longeant au Moyen-âge les remparts et les douves de la ville de Bléré.
Il devait aussitôt entreprendre sur ce terrain la construction de l'actuelle maison (1831-1832) lui servant à la fois de domicile privé mais également de bureau pour son office de receveur de l'Enregistrement et des Domaines qu'il exerçait depuis déjà une quinzaine d'années plusieurs indices laissent supposer que Le Belvédère est sans doute l'œuvre de l'architecte parisien Fanost, à qui l'on doit dix ans plus tard le château voisin de La Coursicauderie (actuel hôtel-de-ville de Bléré ) où l'on retrouve d'ailleurs le même escalier couronné d'une coupole à caissons et rosaces.
D'autres analogies architecturales ont pût être établies - concernant en particulier l'ingénieuse disposition des pièces rayonnant autour de la cage d'escalier hémicirculaire - avec le célèbre pavillon de Bagatelle, élevé en 1777 pour le futur Charles X par l'architecte François Bélanger (dont Fanost a, justement, peut-être été l'élève...). L'ensemble de la délicate décoration intérieure s'inspire largement des styles Directoire et Empire, très comparable à plusieurs édifices du Faubourg Poissonnière, à Paris, comme l'hôtel Lakanal (1796) ou l'hôtel de Bourrienne (1801 et 1824) tandis que l'étrange et fort insolite dôme en zinc surmontant la rotonde côté jardin fait du Belvédère un exemple unique en Indre-et-Loire, perpétuant les "folies" à la mode sous l'Ancien Régime ...
A la mort d'Auguste Marcel (1873), la maison fut héritée par son neveu, le général-comte Capriol de Fuéchassant qui, habitant Montpellier, la revendit deux ans plus tard au docteur Auguste Chaumier, ancien élève du fameux médecin tourangeau P.-F. Bretonneau et oncle du docteur Edmond Chaumier, très réputé en Touraine pour ses nombreuses études archéologiques (il fut le co-fondateur du musée préhistorique du Grand-Pressigny et le restaurateur du château de Louis XI à Plessis-Lès-Tours)
Aussitôt après son acquisition, A. Chaumier compléta la propriété en édifiant sur une parcelle mitoyenne l'écurie et la remise (1877) mais aussi - ce qui parait plus regrettable ... - en surélevant en 1882 le bas-côté du rampant Sud de la maison.
Notons qu'il devait faire appel, en 1897, au célèbre architecte parisien Hector Guimard - le créateur du style Art Nouveau - pour la tombe de son épouse, au cimetière de Bléré.
Le docteur Auguste Chaumier légua Le Belvédère en 1903 à son fils, le docteur Henri Chaumier (Gendre du maître soyeux bien connu de Tours Ernest Damonté, dirigeant de la "Manufacture des Trois Tours" actuelle maison Le Manach, et par ailleurs beau-frère de la romancière Dominique Dunois, prix gémina en 1928) lequel, demeurant à Issy-les-Moulineaux, préféra ne pas conserver la maison et la revendit en 1909 à un instituteur à la retraite, Henri Avenet, ancien régisseur du château d'Ardrée, demeure des imprimeurs Mame à Saint-Antoine-du-Rocher.
Après avoir légèrement agrandi la propriété en acquérant en 1914 le petit potager limitrophe, au Sud, H. Avenet céda à son tour Le Belvédère en 1921 à un minotier de Bléré, Joseph Badier, qui y demeura jusqu'à son décès en 1954.
La propriété passa alors à son fils qui mourut quatre mois plus tard : la fille de ce dernier, Mme Mourry, revendit l’ensemble en 1957 au capitaine Bertrand Moreau de Bellaing, alors administrateur militaire de Biskra (Algérie), issu d'une très ancienne famille originaire de Cambrai et Valenciennes ayant reçu le titre de baron en 1821.
C’est par son actuel propriétaire, Jean-Renaud Guillemot, que le "Belvédère" en a obtenu l'inscription aux Monuments Historiques en 1972.
Le Belvédère est maintenant transformé en chambres d'hôtes.
Le Belvédère
24, rue des Déportés
37150 - Bléré
Tél. 02.47.30.30.25
Email : jr.guillemot@wanadoo.fr