LES FOURS A CHAUX

L'étude conduite par Jacques Thomas sur les tuileries, briqueteries et fours à chaux d'Indre-et-Loire a permis de repérer dans le canton de Bléré vingt-trois sites qui ont totalisé vingt fours à chaux et huit fours à tuiles et briques. Seuls cinq sites subsistent à l'état de vestiges, les autres ont disparu.

 

À Bléré il existait six fours à chaux dont deux ont été construits au cours du XVIIIème siècle (la Haute-Borne, La Chloterie) et les quatre autres entre 1842 et 1875 (Le Haut-village, l'Erable, Saint-Martin, le Grand Jardin). Leurs activité ont cessées vers 1900. 

 

La Croix-en-Touraine, une tuilerie a été bâtie au bord du Cher en 1846 et exploitée jusqu'en 1910; il en reste quelques vestiges. 

Plan de repérage

  • 1 - La Chloterie.
  • 2 - Les Hautes Bornes.
  • 3 - Le Haut Village.
  • 4 - L’Érable.
  • 5 - Le Grand Jardin.
  • 6 - Saint Martin
  • 7- La Croix en Touraine

Historique

Le sol de la région renferme des richesses qui n’ont pas échappé à la sagacité des hommes au cours du temps. Grâce au tuffeau, pierre calcaire présente en abondance en Val de Loire, son extraction et sa taille donnent de l’activité à des carriers et à des tailleurs de pierre.

Ce même calcaire préparé par les chaufourniers est ainsi transformé en chaux, un produit indispensable pour les maçons. Mais l’effort à fournir, notamment pour l’extraction et le transport est énorme et le travail très pénible, ce qui explique peut-être que, contrairement à d’autres métiers, les dynasties de tuiliers ou de chaufourniers soient restées rares. Ceux que nous allons présenter se sont succédés à Bléré pendant un temps relativement court, à peine un siècle à la jonction des XIXème et XXème siècles.

 

Les fours à chaux sont de deux types :

  1. Les fours à chaux à combustion intermittente.
  2. Les fours à chaux à combustion continue.

1° - Le four à combustion intermittente

C'est le four utilisé depuis l'antiquité et qui restera le seul type de four utilisé jusqu'au XVIIème siècle, comme l'indique son nom, il fonctionne de manière intermittente.

 

Le principe est le suivant :

Une voûte est réalisée avec des pierres au-dessus du futur foyer, qui sera alimenté sur le côté. Au-dessus de cette voûte sont placées les pierres à cuire.

Le foyer est alimenté en permanence par des fagots de bois, comme des genêts séchés, ceux-ci ayant un fort pouvoir calorifique. Ils pourront être remplacés par le charbon au XIXème siècle.

La combustion dure trois jours. Quand on juge que les pierres sont cuites, le foyer n'est plus alimenté et on attend que la température baisse. Après cuisson, cette voûte est démontée par le bas pour récupérer la chaux vive. La chaux est alors retirée par le bas, au niveau du foyer du four, avec des pelles.

Ce procédé, long et contraignant est très utilisé jusqu'au XVIIIème siècle.

 

 

Cette technique a 3 inconvénients :

  • Il est nécessaire de démonter puis remonter la voûte à chaque cuisson, ce qui est contraignant.
  • Il demande beaucoup d'énergie afin de le monter en température à la température voulue.
  • Il entraine une perte de temps lorsque le four ne fonctionne pas.

2° - Le four à combustion continue ou à courte flamme

Ce type de four est apparu au XVIIIème siècle et se développe surtout au XVIIIème et au XIXème siècle, remplaçant les fours à combustion intermittente avec l'industrialisation croissante, en permettant d'augmenter la productivité.

Il résout le problème de la construction et de la déconstruction de la voûte ainsi que celui de la chauffe pour atteindre la température optimale (donc une perte considérable de temps et d'énergie) et permet de produire de la chaux en continu.

 

Le principe est le suivant :

Le four est construit en maçonnerie, de forme généralement cylindrique, qui avait une paroi intérieure réfractaire, le plus souvent revêtue de briques.

La matière première est constituée de pierres calcaires abondantes dans les champs ou à faible profondeur. Concassés puis calibrés, les morceaux de cinq à dix centimètres de grosseur. Les chaufourniers alternaient les lits de pierre et de charbon depuis la partie haute de la chambre de combustion (appelée le gueulard), qui était dans la région, généralement adossé à un coteau. (Elle pouvait se faire dans d’autre cas par une rampe). A cette époque, il fallait 200 kg de charbon pour 1 tonne de pierre.

Puis on allumait des fagots en bas du four. Le feu se propageait alors au charbon qui chauffait la pierre.

Un courant d'air est créé par ce tirage, la combustion se propage aux couches supérieures.

 

Ce courant d'air est favorisé grâce à des ouvertures situées à la base du four (ouvreaux pour retirer la pierre et parfois ouverture située sous le foyer). Le chaufournier devait alors toujours maintenir une température entre 800 et 1.000° C tout en gardant le four rempli au maximum en le réapprovisionnant en pierre calcaire. Il devait également entretenir le feu.

 

Les pierres calcinées sont retirées à la base du four par les ouvreaux appelés gueules de défournement. Ils sont au nombre de 1 à 3 dans chaque four. Ce sont des grilles qui retiennent la pierre. Les pierres sont sorties de celles-ci avec des manches munis d'un crochet. Cela produit de la poussière et le travail est pénible. Les grilles permettent aussi de séparer grossièrement les pierres des cendres.

Les pierres contenue dans le four descendent alors par gravité au rythme des tirages et de la combustion du charbon. La pierre met ainsi 3 à 4 jours pour aller du haut en bas du four.

Une fois la cuisson faite, la chaux était récupérée grâce à une ouverture située en partie basse du four appelée l'ébraisoir ou gueule de défournement.

La chaux était chargée dans des tombereaux ou dans des brouettes. La chaux vive était alors éteinte dans une fosse adjacente à l'aide d'une grande quantité d'eau.