LA  GRISOLETTE

Historique

Demeure construite dans les années 1850-1855 dans un style régionaliste inspiré des villas de la côte normande. Les archives n'ont pas été retrouvées et l'architecte n'est pas connu.

La propriété de la Grisolette établie en rive gauche du Cher, comprend une vaste demeure orientée est-ouest parallèlement à la route d'Athée à Bléré ainsi qu'un bâtiment de communs orienté nord-sud près duquel se trouve une serre désaffectée.

La demeure bénéficie au nord d'une vue dégagée sur le Cher et même, depuis la grande tour belvédère située à l'est, d'une vue panoramique sur la vallée. La demeure est bâtie en moellon de calcaire avec des chaînages d'angle et plusieurs encadrements de baies soulignés en pierre de taille de tufeau. Un appareil en pierre de taille à bossages est présent au rez-de-chaussée de la partie centrale, côté nord.

Certains murs pignons sont traités en pan de bois apparent dont le rôle semble plus décoratif que structurel. La villa est construite selon un plan non symétrique où les volumes des différentes pièces se juxtaposent en multipliant les décrochements et sont rendus visibles de l'extérieur par la différentiation des toits de forme et de hauteur variées. La tuile plate permet de conférer une unité à l'ensemble ; les souches de cheminée sont en brique. Les portillons d'entrée sont couverts de toit à quatre pans inspirés des toits en pagode asiatiques.

Articles parus dans « LE TEMPS » Paris 1861

M. Frégyl exprima l'intention d'aller voir Jean Grisol qui lui plaisait et la Grisolette qui l'intéressait. Mme Daveses s'écria «Si nous allions tous à la Grisolette !» et le jour même, la maison de Jean Grisol fut envahie.

 

C'était une maison très vieille, qui n'avait pas essayé de se rajeunir et qui avait conservé, avec la grâce fine du temps d'élégance et d'art où elle avait été construite et dont elle portait l'empreinte, quelque chose de la bonhomie aimable, de la simplicité honnête et joyeuse des bourgeois agriculteurs qui l'avaient habitée. Cette maison recelait de véritables trésors. Un collectionneur curieux du dix-huitième siècle eût donné des sommes extravagantes pour les tableaux, pour les meubles de la Grisolette. Mais  ces tableaux, signés de Greuze, de Chardin, de Boilly, étaient des portraits de famille et l'on sentait que, créés pour le plaisir des yeux ou les commodités de la vie pratique, ces meubles, ces objets précieux n'avaient pas été réunis là comme des pièces rares par l'expérience. La fondation des trusts coïncide toujours, sinon avec des crises, au moins avec des périodes où les affaires sont rares et où, par conséquent, l'outillage, étant libre, peut-être plus facilement perfectionné, d'après les derniers résultats acquis par la science appliquée.

Ainsi la «Standard-Oil», grâce au perfectionnement de son outillage, a pu baisser le prix du pétrole de l'unité de 26,35F, qu'il était en1870, & l'unité de 7,39F en 1882, pour le laisser en 1892, au moment de sa première disparition à 6,07F. Par conséquent, ce produit coûtait quatre fois moins au public sous le régime du trust que sous le régime de la libre concurrence. Non moins qu'à ce perfectionnement de l'outillage, le succès des trusts fut dû à l'unité et à l'intelligence de la direction. Partout où vit l'homme, ses entreprises ne valent que ce qu'il vaut lui-même. Mais cette vérité qui domine le vieux monde est encore bien plus puissante dans le nouveau, car dans ce pays neuf, ouvert à toutes les initiatives, la personnalité des directeurs est l'élément essentiel du succès des entreprises.

 

C'est pourquoi certaines conceptions gigantesques n'ont pu aboutir que parce qu'elles ont trouvé un Rockefeller, un Vanderbilt, un Carnegie, un Jacob Schiff ou un J. Pierpont-Morgan.

LAZAREVEILLER

TRENTE ANS APRÈS

Les ruptures de promesse de mariage, on ne les compte plus aujourd'hui dans les annales judiciaires des trois royaumes ! Elles causent au minimum deux ou trois procès par semaine mais peu du genre qu'ont eu à juger les jurés de Limerick. Figurez vous qu'en l'an de grâce 1873 Austin Thynne fit de tendres aveux à Bridget Coyne c'était en Irlande, au bord de quelque lac désert. Bridget pria Austin d'attendre, et l'amoureux patienta un an, deux ans, cinq ans, vingt ans. Bridget voulait toujours attendre et Austin ne se lassait pas d'obéir. Hélas ! il n'est pas d'amoureux constant au bout de vingt-huit ans, l'infidèle Thynne laissa là la cruelle et épousa sa voisine. Pareille trahison méritait vengeance d'un amateur, qu'ils y avaient été gardés par la pitié traditionnelle de quatre ou cinq générations d'hommes, comme des souvenirs on sentait que ces choses vénérables et charmantes avaient tenu leur place dans les existences qui s'étaient écoulées jadis à la Grisolette, qu'ils la tenaient encore dans des existences nouvelles. Ce n'étaient pas des choses mortes l'âme mystérieuse dont le frisson passait en elles s'était fidèlement transmise d'âge en âge aux êtres qui avaient vécu là, entre ces lambris clairs sculptés en plein bois, et qui avaient connu dans la maison de Geoffroy Grisol les joies de la famille et la saine fierté du travail elle se perpétuerait en d'autres vies. Jean Grisol s'était excusé de ne pouvoir montrer à ses hôtes le premier étage de la Grisolette, craignant que le bruit des pas et des voix n'arrivât jusqu'à sa mère qui, à cette heure de la journée, y dormait mais il avait fait avec beaucoup de bonne grâce les honneurs des autres parties de la maison. Les petites amies de Mr Davesnes et Mme Davesnes elle-même ne lui avaient pas ménagé les cris d'enthousiasme, tandis que M. Frégyl s'éprenait en connaisseur de la Grisolette et déclarait, tant parce qu'il le pensait presque à ce moment que parce qu'il mettait toujours de la coquetterie à être aimable, qu'il était prêt à donner pour une si parfaite merveille de style son appartement de la rue Murillo, et tout ce qu'il contenait de précieux. Avec une compréhension moins éclairée et surtout moins consciente de la valeur artistique des choses qu'elle voyait, mais peut-être avec une pénétration plus délicate du sens intime de ces choses, Rosemonde, elle aussi, admirait la Grisolette, elle en aimait l'atmosphère, le parfum discret et fin. « II semble, pensa-t-elle, que cette maison n'ait jamais abrité que des vies harmonieuses et douces. »

Guy CHANTEPLEURE.

VERS 1900

C'est au tout début du siècle qu'Albert Godde, important fabricant de crêpe de Chine et de mousseline de soie, originaire de Tarare près de Lyon, acquiert ce bien.

Albert Godde décédera dans sa résidence secondaire de la Grisolette en 1915 après avoir fait un legs à l'hôpital cantonal de Bléré pour l'entretien des tombes.


Localisation :

 

Départementale 976

Route de Tours, avant le Val de Fontenay


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