LE CHEMIN D'ESPAGNE

La voie antique vers St Jacques de Compostelle

Des légionnaires aux pèlerins.

Avec l'effondrement de l'Empire romain d'Occident au VIème siècle et les périodes troublées qui suivront, la plupart des voies romaines ne sont plus entretenues, voire abandonnées. Le morcellement féodal ne favorise pas non plus l'entretien d'un réseau centralisé.

Il faut attendre le Xème siècle pour que les axes tracés par les Romains dans l'ouest du royaume de France retrouvent un intérêt pour les pèlerins en route vers Saint Jacques de Compostelle. Les nombreux chemins de pèlerinage qui mènent jusqu'à Saint Jacques de Compostelle en Galice (nord-ouest de l’Espagne) sont empruntés par des pèlerins toujours plus nombreux. La « Via Turonensis » demeure la liaison la plus utilisée depuis Paris jusqu'à l’Espagne.

Elle suit toujours le tracé initié par les Romains à savoir Paris, Orléans (il existe une variante secondaire par Chartres et Vendôme), Tours, Poitiers, Saint Jean d'Angély, Saintes, Blaye, Bordeaux, Pouillon (près de Dax), Saint Jean Pied de Port.

 

L'itinéraire est déjà décrit dans « Le guide du pèlerin » dès le XIIème siècle ainsi que les hôtelleries.

 

Le tracé autoroutier franchit un ancien axe de communication, une voie antique sous l'actuel « Chemin d'Espagne », sur le plateau dominant la rive gauche du Cher et à quelques kilomètres au sud de Bléré.

UNE VOIE ANTIQUE

La voie est tout d'abord constituée d'une couche argileuse sur laquelle est disposé un radier de pierre calcaire sans organisation particulière. Un second niveau de pierre très compact recouvre le précédent. Un léger bombement dans la partie médiane du tracé assure l'évacuation des eaux pluviales sur les côtés. L'ensemble de la construction, large de 6,68 m, est contenu par des bordures de grosses pierres posées sur champ.

 

Deux fossés latéraux sont apparus de chaque côté de la voie lors de la fouille. L'emprise totale de l'aménagement est alors d'une largeur de 27,76 m. Ces fossés servent au drainage des eaux de pluie et à séparer clairement l'espace public du chemin et les parcelles de terre privées. L'espace libre entre les fossés et la voie servait au passage des cavaliers et aux troupeaux.

UN ITINÉRAIRE GALLO-ROMAIN

Quelques éléments de mobilier archéologique et les recherches historiques laissent penser que cette chaussée antique prenait son origine à Amboise, passait par Bléré, Cigogné, franchissait l'Indre à Reignac, se poursuivait jusqu'à Manthelan et Port-de-Piles, où elle rejoignait la voie Tours-Poitiers. Cet itinéraire, ignorant Tours, menait rapidement de la Loire vers le sud-ouest

UN AXE DE CIRCULATION PÉRENNE

Durant l'Antiquité, la voie a été régulièrement entretenue.

 

Progressivement, l'état du revêtement s'est détérioré et les pierres ont disparu sous différents niveaux de terre qui forment un talus. L'itinéraire, par la suite, est toujours emprunté comme un axe secondaire.

 

Aujourd'hui encore, certaines portions de la voie, maintenant bitumées, font office de routes communales et d'autres, sous forme de petits chemins de terre, accueillent les riverains et les promeneurs


Etude réalisée par Grégory Pointevin de l’INRAP en 2013 à l’occasion des travaux autoroutier contournant la ville de Bléré et supervisé pat Thibaud Guiot.

 

POITEVIN G. - Bléré/Sublaines, " Chemin d'Espagne ": la voie antique, in : Zadora-Rio É. (dir.) - Atlas Archéologique de Touraine, 53' Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, FERACF, Tours, 2014,

http://a2t.univ-tours.fr/notice.php?223, 2013