Louis BORY

Louis Bory est né le 30 août 1819 à La-Croix-de-Bléré (actuelle commune de La Croix-en-Touraine). Son nom est bien orthographié Bory à l’état civil et non Borie comme on le rencontre parfois. Fils d’un maçon qui le retira tôt de l’école et le mit au travail sur ses propres chantiers, Louis Bory ne put bénéficier d’aucune formation académique. Il dut développer ses talents seul, en s’inspirant des modèles qu’il pouvait admirer à la cathédrale de Tours lorsqu’il y accompagnait occasionnellement son père, ou en étudiant des œuvres représentées dans les rares ouvrages d’archéologie qui lui étaient prêtés.

Marié à Anne Michau le 17 juillet 1841, il s’installa à Bléré et poursuivit son travail de maçon. Son obstination le poussa néanmoins à réaliser quelques œuvres sculptées, qui le firent remarquer localement. L’histoire de son talent contrarié ayant ému certains de ses concitoyens, une loterie fut organisée de manière à collecter des fonds lui permettant d’aller à Paris acquérir une réelle formation. A l’occasion, un fascicule relatant son histoire, rédigé par Clément Proust, fut imprimé à Tours en 1852. On ignore si Louis Bory finit par partir, mais, après les réalisations qu’il fit pour l’église Saint-Christophe de Bléré, les commandes se multiplièrent.

Louis Bory ne signant pas ses œuvres, son travail est connu essentiellement par la liste qui en est faite dans La grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts (volume VII) publiée à Paris par H. Lamirault et Cie éditeurs, à partir de 1885. Le présent inventaire a permis de compléter cette liste ; d’autres œuvres restent probablement à découvrir.

Au sein des édifices de l’aire d’étude présentée ici, il réalisa d’abord les fonts baptismaux de l’église Saint-Christophe de Bléré, vers 1850.

En 1850 ou 51, il sculpta également le retable, l’autel et le tabernacle de la chapelle Saint-Pierre ainsi que les chapiteaux et les clés de voûte, abimés pendant la Révolution. La composition de l’ensemble et le choix des motifs sont dus à Louis Bory qui ne s’est pas limité à l’exécution. Il en est de même pour la réfection de l’enfeu, situé à droite de l’autel.

La notice de Clément Proust mentionne une « rampe garnie de crosses végétales » qui devait être placée devant la partie basse de l’enfeu formant le socle du groupe sculpté. Ce garde-corps a disparu. Il exécute ensuite un autel dédié à la Vierge et le tabernacle qui l’accompagne ; les deux ont malheureusement disparu à une date inconnue. Le tabernacle est décrit par C. Proust comme "une cathédrale de dentelle dont les transepts forment retable". En 1852, Louis Bory s’attaque pour la première fois à la réalisation d’un groupe sculpté de grande taille : une Piéta, taillée dans une pierre calcaire, destinée à meubler l’enfeu qu’il vient de réparer.

Il intervient ensuite à La Tour-Saint-Gelin, à Tours et à Marmoutier avant de participer à la restauration du portail de l’église de Saint-Martin-le-Beau, en 1858. Il travaille à Amboise en 1861, à Loches en 1865, et réalise la même année un autel et un tabernacle pour l’église paroissiale de Chenonceaux. Sollicité pour la réfection du chœur de l’église d’Athée-sur-Cher, en 1876, c’est vraisemblablement lui qui réalise aussi l’autel de la Vierge dans la chapelle nord ainsi que l’autel offert par le baron Liebert de Nitray dans la chapelle sud de cette même église.

Il est ensuite fréquemment sollicité pour des travaux de restauration dans des châteaux tourangeaux, sans que l’on sache précisément lesquels, hormis Chenonceau où il intervient sur le bâtiment des Dômes. L’abbé Chevalier mentionne qu’"au-dessus des sept grandes portes, Louis Bory a sculpté des écussons en pierre, à rubans flottants, avec les armoiries des propriétaires du château, depuis les Marques jusqu’aux Villeneuve et aux La Roche-Aymon." La réfection du bâtiment ayant commencé en 1865, Louis Bory a pu intervenir vers 1866.

Après avoir déménagé de la rue de Loches où il résidait depuis 1855, à la rue de la Gloriette en 1896, il décéda à Bléré le 8 mars 1899.