L'Eglise Saint-Martin

Cadastre Napoléonien (1812)
Cadastre Napoléonien (1812)
Vue Aérienne
Vue Aérienne


Histoire

 

L'église de Céré est fondée par Saint Euphrone (1), évêque de Tours au VIème siècle. Grégoire de Tours mentionne Céré sous le nom de « Ceratum » à la même époque.

Au XIIème siècle, fut édifiée une église dédiée à Saint Vincent dont subsiste le clocher actuel.

Ce clocher se compose de trois parties de bas en haut : une tour carrée romane avec des petites fenêtres meurtrières, puis la chambre des cloches ouverte sur chaque face d'une fenêtre de plein cintre surplombée de la flèche gothique octogonale, à pans à surface légèrement convexe, épaulée aux quatre angles par une lucarne.

Ce clocher abrite aujourd'hui deux cloches (inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en bronze de 1833 par Mutel Noël, fondeur à Breuvannes en Bassigny (Un des 3 villages de Haute Marne réputé depuis le XVIIIème pour sa tradition de fondeur de cloches). Ces artisans, les saintiers, se déplaçaient de village en village pour fondre les cloches sur place.

Au XVIème siècle fut construite une église dédiée à Saint Martin sur les fondations de la précédente.

L'entrée latérale nord est une porte du XVIème de style Renaissance, aux vantaux sculptés (Classée Monument Historique): 8 panneaux sculptés d'arabesques, 4 autres à décor de plis de serviettes.

Cette porte avec pilastres sur culs-de-lampe est surmontée d'une niche qui abritait une statue de la Vierge à l'enfant polychrome du début du XVIème (Classée Monument Historique en date du 4 novembre 1908). Cette statue est désormais mise en sécurité.

La nef est composée de cinq travées. Les trois premières correspondent à la nef de l'église romane. Elles sont voûtées sur croisées d'ogives à moulures prismatiques dont les clefs sont décorées d'armoiries aux armes de l'Abbaye d'Aiguevives voisine (Située à Faveroles sur Cher - 41) et de la Maison de Prie, autrefois propriétaire de Montpoupon. Les seigneurs du Château et de Bléré y avaient certains droits honorifiques. Les seigneurs de Razay et de Montpoupon y possédaient le droit de sépulture.

A partir de la moitié de la troisième travée, la nef se rétrécit et est alors dans cette demi-travée et les deux suivantes, accompagnée de deux collatéraux. Ceux-ci sont chacun de trois travées dont la première plus courte correspond à la seconde moitié de la troisième travée de la nef, et communique avec elle par une arcade en tiers point, de biais. Compte tenu de son plan particulier (Utilisation des fondations du XIIème et maintien du clocher), le talent des constructeurs de cet édifice aux formes complexes est remarquable.

La façade ouest est percée d'une porte en arc surbaissé, décorée de pilastres Renaissance et d'une grande fenêtre à meneaux gothiques.

Plan de l'église de la commune de Céré par G. Guérin architecte diocésain le 12 août 1879.
Plan de l'église de la commune de Céré par G. Guérin architecte diocésain le 12 août 1879.

L'ancien presbytère date probablement de la construction de l'église au XIVème siècle. Il est flanqué d'une tourelle d'escalier octogonale dont la porte d'entrée est ornée d'une large coquille.

La sacristie a été construite en 1846 sur les plans de l'agent-voyer Boutier. Des travaux réalisés en 1860 par l'architecte diocésain Gustave Guérin, ont consisté à débadigeonner, et rejointoyer entièrement l'intérieur de l'église puis à recouvrir les murs d'un enduit lisse de couleur pierre ; tous les joints ont été refaits. La charpente et les murs de l'abside ont également été restaurés. En 1877-78, la réfection de tout le dallage de la nef est réalisée.

 

Le clocher a été restauré en 2004.


Détails

Les tailleurs de pierre et verriers ont laissé de magnifiques réalisations :

Des culs-de-lampe (2) représentant des moines, des troubadours, des angelots ou des oiseaux et créatures fantastiques menaçantes.

Les vitraux : dans l'abside, Saint Martin et Saint Vincent entourant le Christ évoquent les patrons ancien et actuel de l'église ; dans le collatéral droit, vitrail de Saint Martin partageant son manteau ; au-dessus de la chaire, vitrail de Saint Grégoire.

Le vitrail dédié à Sainte Solange (photo de droite) a été offert par la famille de la Motte Saint Pierre, pour la naissance de leur fille. On y reconnaît un des moulins situés sur la propriété du château de Montpoupon.

Le vitrail de Saint Martin et Saint Vincent entourant le Christ (photo de gauche) évoquent les patrons ancien et actuel de l'église ; dans le collatéral droit, vitrail de Saint Martin partageant son manteau ; au-dessus de la chaire, vitrail de Saint Grégoire.


Les stalles du chœur en bois sculpté sont remarquables . On observe trois types de sculptures : les miséricordes (Les moines s'y asseyaient quand les sièges étaient relevés) ; les jouées (Bordures à l'extrémité d'une rangée de sièges) et au niveau des appuie-mains entre les sièges.

5 stalles datent du XVème siècle, 5 stalles datent du XVIème siècle.

Les miséricordes et jouées ont malheureusement été abîmées à la Révolution. 10 miséricordes sont visibles sur les 20 recensées : 5 sont constituées de sujets végétaux que l'on retrouve dans beaucoup d'autres stalles. 5 d'entre elles représentent des compositions de feuilles mais toutes différentes ; la dernière représentant un fruit ou un bourgeon.

Elles ont été classées au titre d'objets dans la base "Palissy" en date du 4 novembre 1908. 


L'église de Céré-la-Ronde détient des objets de culte. A noter en particulier une croix d'autel et quatre chandeliers en bronze ou cuivre doré datant de 1698 encore utilisés aujourd'hui. Ces objets qui portent la marque de l'orfèvre constituent une des deux parures d'autels en Touraine typiques de l'époque du règne de Louis XIV.

La croix est montée sur une base moulurée triangulaire reposant sur rois pieds sphériques. Les bases des chandeliers sont similaires. Les tiges de forme balustre sont surmontés de bobèches circulaires et de broches. Les extrémités des bras de la croix, ainsi que le titulus (3), sont ornés de guirlandes végétales.

La Cène est représentée en haut-relief sur le devant de l'autel majeur. Il s'agit du dernier repas pris par Jésus avec ses apôtres, juste avant la trahison de Judas. Celui-ci, assis à une extrémité de la table, est figuré sans auréole et tenant une bourse dans la main gauche.

 

Cet autel a été réalisé au cours de la seconde moitié du XIXème siècle.


Cartes postales


(1)   Saint Euphrone (✝ 573)

Évêque de Tours, il participa à plusieurs conciles. En 367 il restaura de nombreuses églises dans la ville de Tours qu'il reconstruisit après l'incendie qui l'avait ravagée. Il fonda des paroisses dans la campagne et développa la vénération de la sainte Croix. Il était contemporain et ami de sainte Radegonde.

(3) Cul-de-lampe

C'est une console d'encorbellement constituée d’une pierre saillante dont la forme rappelle le dessous d'une lampe d'église, servant à supporter une base de colonne, la retombée d'un arc, des nervures de voûte ou encore une statue. 

(3) Titulus

Un titulus est une inscription apposée en partie haute de la croix.