Géraud Christophe Michel Duroc

 

 

Né à Pont-à-Mousson en 1772, Géraud-Christophe Michel du Roc entreprend une carrière militaire comme cadet au début de 1789, est chassé de l'armée en 1792 et émigre mais rentre vite en France et reprend sa carrière militaire.

 

Promu lieutenant d'artillerie en 1793, il est présent lors du siège de Toulon et sert ensuite dans l'armée d'Italie jusqu'en 1798, notamment sous les ordres d'Andreossy dans le corpsdes pontonniers, se distinguant à Primolano (4 septembre 1796) puis comme aide de camp du général Bonaparte.

 

Il fera l'acquisition du château de Beauchêne à Luzillé.

Premières missions diplomatiques

En 1798-1799, il est en Égypte où il combat à Salahieh, puis Jaffa et Saint-Jean-d'Acre où il est blessé. Rentré en France avec Bonaparte, il participe au coup d'État de Brumaire et devient premier aide de camp du Premier Consul.

 

Il effectue alors des missions diplomatiques à Berlin et à Bâle, ce qui ne l'empêche pas de combattre à Marengo en 1800. D'autres missions suivent à Vienne, Saint-Pétersbourg et Copenhague. Il est promu général de brigade en octobre 1801, général de division deux ans plus tard et grand maréchal du palais en 1805.

D'azur, au roc d'argent, issant de la pointe, surmonté de deux étoiles d'or
D'azur, au roc d'argent, issant de la pointe, surmonté de deux étoiles d'or

Grand maréchal du palais

De 1805 à 1807, il sert dans la Grande Armée en Autriche, en Prusse et en Pologne. À Austerlitz, il prend provisoirement la tête de la division des grenadiers Oudinot et négocie ensuite le Traité de Schönbrunn avec la Prusse.

 

Il est grièvement blessé dans un accident de voiture en Pologne à la fin de 1806 mais se rétablit à temps pour pouvoir apporter au Tsar, après Friedland, les propositions d'armistice (juin 1807). En mai suivant, il est fait duc de Frioul.

 

Il obtient à Bayonne, en 1808, l'abdication du roi d'Espagne puis accompagne Napoléon à Erfurt et, plus tard, en Espagne. Il est encore avec l'Empereur lors de la campagne de 1809 en Allemagne, combat à Essling et à Wagram et négocie l'armistice de Znaïm (12 juillet 1809).

 

 

Il participe aux campagnes de Russie (1812) et de Saxe (1813), combat à Lützen et à Bautzen.

 

La mort de Duroc

Il fut frappé mortellement au bas-ventre par un boulet qui ricocha dans un chemin creux, en tuant le général Kirgener le 22 mai 1813. il survit assez longtemps à sa blessure pour recevoir la visite de Napoléon. L'Empereur appréciait beaucoup ce subordonné loyal et efficace, négociateur compétent, et militaire de grande valeur.

 

Le Moniteur du 30 mai 1813 fait le récit suivant de son décès : « Le soir de la journée du 22 à sept heures, le grand-maréchal duc de Frioul, étant sur une petite éminence à causer avec le duc de Trévise et le général Kirgener, tous les trois pieds à terre et assez éloignés du feu, un des derniers boulets de l'ennemi rasa de près le duc de Trévise, ouvrit le bas-ventre au grand-maréchal, et jeta roide mort le général Kirgener. Le duc de Frioul se sentit aussitôt frappé à mort ; il expira douze heures après. – Dès que les postes furent placés et que l'armée eut pris ses bivouacs, l'EMPEREUR alla voir le duc de Frioul. Il le trouva avec toute sa connaissance, et montrant le plus grand sang-froid. Le duc serra la main de l'EMPEREUR, qu'il porta sur ses lèvres.

 

Toute ma vie, lui dit-il, a été consacrée à votre service, et je ne la regrette que par l'utilité dont elle pouvait vous être encore ! Duroc,  lui dit l'Empereur, il est une autre vie ! C'est là que vous irez m'attendre, et que nous nous retrouverons un jour ! – Oui, sire ; mais ce sera dans 30 ans, quand vous aurez triomphé de vos ennemis et réalisé toutes les espérances de notre patrie….. J'ai vécu en honnête homme ; je ne me reproche rien. Je laisse une fille, votre Majesté lui servira de père. L'EMPEREUR, serrant de la main droite le grand maréchal, resta un quart d'heure la tête appuyé sur sa main gauche dans le plus profond silence. Le grand-maréchal rompit le premier silence : Ah sire ! Allez-vous-en ! Ce spectacle vous peine ! L'EMPEREUR, s'appuyant sur le duc de Dalmate et sur le grand écuyer, quitta le duc de Frioul sans pouvoir lui dire autre chose que ces mots, Adieu, donc, mon ami ! Sa majesté rentra dans sa tente, et ne reçut personne pendant toute la nuit. »