LA PIERRE SAINT MARTIN

La célèbre Pierre Saint-Martin à Luzillé est un polissoir fixe de l'époque Néolithique. Elle fait partie d'un ensemble de vestiges de la même période, mis au jour à travers tout le territoire de la commune, notamment autour de l'étang de Brosse. Des traces de l'âge du bronze, puis des époques romaine, avec des monnaies, et mérovingienne existent également. Deux parcours antiques traversent la commune : le Chemin Chaussé et le Chemin de Montrichard ou de Saint-Martin.

 

C'est en 1892 que l'existence de ce polissoir est signalée à la Société archéologique de Touraine (SAT) par un instituteur de Luzillé. 

 

 

L'aspect général du mégalithe de Luzillé est comparable à ceux mis en évidence à Brèches, à Saint-Eliph et à  Nottonville-Civry.

Le polissoir mesure 2,50 × 2 m à sa base pour une hauteur hors sol de 0,70 m. La roche qui le constitue est un poudingue, gréseux dans sa partie supérieure. Le grès est alors la roche la plus utilisée pour le polissage des outils.

La partie supérieure du mégalithe est marquée par des rainures droites ou fuselées. Sa surface présente également plusieurs cupules de forme plus ou moins circulaire. La pierre comporte au total cinq rainures et trois cupules, ainsi que deux plages de forme plus irrégulière. La plus longue de ces rainures mesure 405 mm de long. Les cupules peuvent avoir servi de réserve pour l'eau indispensable au polissage.

La Pierre de Saint-Martin bénéficie d'un classement au titre de monument historique par arrêté du 29 septembre 1952.

« C'est un site très, très ancien. Il a pu être utilisé comme polissoir, une pierre où l'on aiguisait des lames de silex ou des haches de pierre au néolithique - la dernière époque de l'âge de pierre, quelques millénaires avant notre ère », explique Bruno Judic, professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Tours. «Au fil des siècles, certaines de ces pierres ont pris une valeur un peu symbolique, ou mythologique. Elles ont pu être associées à des figures de géants comme Gargantua, ou des saints, comme Martin, dans le contexte de la christianisation de l'Europe ».

La légende

En s'arrêtant dans la campagne de Luzillé, saint Martin et sa mule auraient donc creusé la pierre de leurs pas. Quant aux stries qui parsèment le rocher, elles seraient la trace des griffes du diable que le saint aurait fait fuir. « Ce type d'histoires n'est pas spécifique à Luzillé. Il existe de nombreuses pierres dites "Saint-Martin" en France et en Europe. Une des plus connues est le col de la Pierre Saint-Martin, dans les Pyrénées. Cette notion de passage de l'évangélisateur a inspiré la création de sentiers pédestres, les chemins de Saint-Martin », précise Bruno Judic.