L’urne mesure 22 centimètres de hauteur. De forme bulbeuse, elle présente un col évasé et porte sur son épaule une petite anse. Sa panse est galbée et son pied rétréci. Ce vase non tourné présente des parois très fines variant de 4 à 5 millimètres d’épaisseur, et pouvant atteindre seulement 2 millimètres dans sa partie inférieure.
L’intérieur de l’urne a été laissé brut ; il est de couleur grise, excepté le col qui est brun noir. L’extérieur présente quant à lui un décor peint utilisant trois engobes différents. L’urne est rythmée par cinq bandes, alternativement colorées d’un beau rouge vif et d’un subtil marron glacé, séparées par des filets parallèles incrustés de lamelles d’étain. Ces dernières ont également été utilisées pour réaliser le décor principal, qui se développe sur l’une des bandes brunes de 4,5 centimètres de large, située sur l’épaule du vase. L’attention se porte immédiatement sur le motif figuratif qui distingue ce vase : un char attelé tiré par deux chevaux.
Des quelques représentations de char sur céramique actuellement connues, celle de l’urne de Sublaines est la seule à avoir été traitée avec de l’étain ; en effet, les autres ont été gravées.
Sur le vase, la caisse du char est encadrée de ses quatre roues vues par le dessus, comme si elles étaient démontées et posées à plat. Les deux essieux sont placés en dehors de la caisse du véhicule, à laquelle ils sont reliés par un dispositif triangulaire. Le timon est bien noté, rattaché au train avant par un triangle de fixation, ainsi que le joug placé à hauteur de l’encolure des chevaux. Ces derniers, très stylisés, sont rabattus symétriquement vers l’extérieur.
Cette figuration originale est suivie de motifs géométriques très variés : losanges, « H » couché, quadrillage, triangles, quadrilatères imbriqués, dents de loup. L’anse et l’intérieur du col portent également un décor géométrique en lamelles d’étain. À l’évidence, l’auteur du vase a voulu éviter les répétitions.
Compte tenu de l’importance du tumulus, nous savons déjà que le défunt appartenait à l’élite de son temps. Son urne funéraire, production de grand luxe, témoigne également de l’importance de celui qui la possédait.
La présence d’une représentation de char renforce elle aussi cette idée de pouvoir, mais elle reste difficile à interpréter. Ce char peut d’une part être mis en relation avec les véhicules de petite taille utilisés dans les cérémonies consacrées à un culte solaire dès l’âge du Bronze
La technique d’application de lamelles d’étain ayant été peu expérimentée, elle reste aujourd’hui mal connue. Cependant, les archéologues ont retrouvé, sur certaines céramiques du Nord des Alpes, des empreintes de lamelles disparues. Leur présence est marquée par de petites boulettes de pâte qui ont servi d’adhésif au moment de la pose. Il pourrait s’agir de résine, de poix ou de bitume. Les lamelles ont également pu être incrustées directement dans la pâte.
L’analyse du métal de l’urne de Sublaines atteste qu’il s’agit d’étain à faible teneur de plomb. Le métal devait donc se présenter sous la forme de plaques souples qui étaient ensuite découpées en lamelles de différentes largeurs selon les motifs à réaliser. Celles de l’urne de Sublaines mesurent de 1,5 à 4 millimètres de large et, mises bout à bout, atteignent une longueur totale de plus de 17 mètres. Ce vase devait produire au Hallstatt un grand effet avec son éclat métallique jouant sur la polychromie.
L’origine de cette technique de décor, apparue dès l’âge du Bronze final et poursuivie au Hallstatt ancien, semble se situer dans les stations pallafitiques de Suisse (lac de Neuchâtel) et de Savoie (lac du Bourget), mais sa diffusion apparaît relativement faible.
L’urne de Sublaines, par l’utilisation de cette technique et la profusion de ses lamelles, est ainsi un objet exceptionnel.
Dimension : H. 22 cm
Matériaux : terre cuite, étain, peinture
Technique : céramique, peinture
Provenance : Indre-et-Loire, Sublaines
Datation : VIIIe siècle av. J.-C.
Lieu de conservation : Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye