CHARLES ANTOINE FRANÇOIS POIRÉE

Charles Antoine François Poirée, usuellement Antoine Poirée, né à Soissons (Aisne) le 11 novembre 1785 et mort le 30 mars 1873, est un ingénieur français, inventeur d'un système de barrage dit «barrage à aiguilles» sur les cours d’eau navigables. De 1809 à 1814, Antoine Poirée est d’abord affecté dans les départements français d’Italie (Arno, Doire, Apennins) où il participe à la construction des routes. La chute de l’Empire l’oblige à rentrer en France en 1814.

 

L'inventeur du barrage à aiguilles.

En 1834, Charles Antoine François Poirée invente le «barrage à aiguilles», une innovation capitale dans la navigation fluviale du XIXème siècle; il est bientôt imité partout en Europe. Lors de l’Exposition universelle de 1855, cette invention vaut à son auteur la plus haute distinction, la Grande Médaille d’honneur.

Barrages mobiles à aiguilles Système Poirée:

  • 1 = aiguille,
  • 2 = appui,
  • 3 = passerelle,
  • 4 = fermette,
  • 5 = pivot,
  • 6 = heurtoir,
  • 7 = radier 

Le barrage à aiguilles, créé par l’ingénieur Charles Antoine François Poirée en 1834, qui, s’inspirant des anciens pertuis, étendit le système à toute la largeur du lit, améliorant considérablement la navigation fluviale dès la moitié du XIXème siècle.

Le barrage à aiguilles, créé par l’ingénieur Charles Antoine François Poirée en 1834, qui, s’inspirant des anciens pertuis, étendit le système à toute la largeur du lit, améliorant considérablement la navigation fluviale dès la moitié du XIXème siècle.

 

Le premier fut établi par Charles Antoine François Poirée sur l'Yonne, à Basseville, près de Clamecy (Nièvre). Le système Poirée consiste en un rideau de madriers mis verticalement côte à côte et barrant le lit du fleuve. Ces madriers ou aiguilles d’une section de 8 à 10 cm et longs de 2 à 4 m, selon les barrages, viennent s’appuyer contre un butoir (ou heurtoir) du radier (sur le fond) et sur une passerelle métallique constituée de fermettes. Ces fermettes peuvent pivoter pour s’effacer sur le fond en cas de crue et laisser le libre passage aux eaux. Les fermettes sont reliées par une barre d’appui qui retient les aiguilles et une barre de réunion, de plus elles constituent la passerelle de manœuvre. Les aiguilles à leur sommet présentent une forme qui permet une saisie aisée. Néanmoins c’est un travail fastidieux, long et dangereux (il faut plusieurs heures et plusieurs hommes pour mener à bien la tâche). Ce type de barrage est désormais remplacé par des techniques plus modernes et automatiques; sur certains barrages encore existants, les aiguilles de bois sont remplacées par des aiguilles en aluminium remplies de polystyrène (pour la flottabilité en cas de chute dans la rivière), d’un poids bien moindre et plus facilement manœuvrables.

Selon le type de construction le barrage mobile peut être:

  • Le barrage mobile ou à niveau constant, a une hauteur limitée; il est généralement édifié en aval du cours des rivières, de préférence à l’endroit où la pente est la plus faible. On utilise généralement ce type de barrage dans l’aménagement des estuaires et des deltas.
  • À effacement sur le fond de la rivière (seuil) pour permettre l’écoulement total ou en position intermédiaire pour créer un déversoir. 

Aspects sémantiques: barrage ou digue?

En 1821, dans son Précis historique et statistique sur les canaux et rivières navigables de Belgique et d'une partie de la France, B.L. De Rive définit le barrage comme une «digue au moyen de laquelle on soutient une hauteur d'eau constante dans toutes les parties d'une rivière, et qui suffit pour l'espèce de bateaux qui doivent y naviguer, et dont l'effet est de modérer la vitesse et de la ramener au régime uniforme de 1 mètre de pente sur 6000 mètres de longueur». L’usage courant ne distingue pas toujours le barrage de la digue quand ils sont constitués d'un remblai. On peut ainsi parler de la «digue de l'étang», voire de la «digue du barrage», le mot digue renvoyant alors au seul ouvrage et le mot barrage à l'ensemble de l'aménagement, y compris le plan d'eau. Le barrage construit en maçonnerie (et notamment les barrages-voûtes en béton) est en revanche bien distingué d'une digue. Depuis 2007 et la publication d'un décret définissant les règles de sûreté applicables aux ouvrages hydrauliques, le droit français distingue clairement les digues des barrages: les barrages sont les ouvrages pour lesquels il est possible de déterminer deux critères, la hauteur de l'ouvrage, et le volume de l'eau stockée à l'amont de l'ouvrage;

 

  • Les digues sont les ouvrages pour lesquels il est possible de déterminer deux critères, la hauteur de l'ouvrage, et en l'absence de volume d'eau stockée à l'amont de l'ouvrage, la population protégée à l'aval.
  • En droit français, les barrages sont donc tous les ouvrages permettant de former un plan d'eau, permanent ou non, tandis que les digues sont tous les ouvrages permettant de protéger une population ou des biens contre les crues des cours d'eau ou les submersions marines. 

À ce titre, lorsque le bief d'un canal est établi sur des remblais et domine ainsi une plaine ou une vallée, il entre dans la définition des barrages: la hauteur est celle du remblai par rapport au sol naturel, le volume d'eau est celui présent dans le bief, c'est-à-dire entre les deux écluses qui le déterminent.