Cet ancien logis, vraisemblablement édifié par Michel Estève, fut la propriété de Thomas Bohier, surintendant des finances de Louis XI à François Ier, seigneur de Saint-Martin-le-Beau et d'autres fiefs. Il est à l'origine, avec son épouse Catherine Briçonnet, de la reconstruction du château de Chenonceau qui fût sa propriété de 1496 à 1512.
Bâtiment d'époque Renaissance, façade avec fenêtres à meneaux et masques grimaçant de clef, percements encadrés de pilastres aux chapiteaux caractéristiques de part et d'autre, volutes ou petits personnages finement sculptés, double cordon au niveau des plafonds et appuis, statue de Saint- Michel placée au faîte du pignon. Messieurs Bossebœuf et Ranjard attribuent sa construction à Michel Estève, prêtre de la paroisse, mort en 1520, ce qui justifierait la présence de Saint- Michel, son patron, au faîte du pignon.
Ce manoir, acquis en 1969, à l'état de ruine par le Syndicat d'Initiative, fut patiemment rénové par ses membres bénévoles jusqu'en 2000, et l'association devenue "les Amis du Manoir Thomas-Bohier" prit le relais pour terminer ce sauvetage.
Aujourd'hui, le manoir est un lieu culturel où sont organisées de nombreuses expositions et manifestations. Il héberge durant les mois d'été le "point info" du village.
Le Manoir de Thomas Boyer est inscrit auprès des Monuments Historiques par arrêté du 13 juillet 1926.
Association des Amis du Manoir THOMAS BOHIER
Mairie - Place Marcel Habert -
37270 - St Martin le Beau
Thomas Bohier naît à Issoire en 1465, fils d'Austremoine Bohier et de Béraude Duprat. Il occupe des fonctions politiques à la fin du XVème et au début du XVIème siècle.
Il aura deux frères :
Thomas Boyer épouse Catherine ou Katherine Briçonnet, fille d'un surintendant des finances, le cardinal Guillaume Briçonnet, Archevêque de Reims, et de Raoulette de Beaune.
Leurs huit enfants sont :
En 1489, il accède au titre de Secrétaire des Finances de Louis XI, Charles VII, Louis XII puis François 1er.
En 1491, Thomas Bohier est notaire et nommé Maître des comptes à Paris.
En 1494, Thomas Bohier; secrétaire de Charles VIII; devient Secrétaire des finances à Grenoble.
Domaine de Chenonceau
Thomas Bohier convoite le domaine de Chenonceau et surveille la ruine de la famille Marquès. Thomas Bohier fait acheter en sous-mains par Jacques de Beaune, plusieurs dépendances de Chenonceau et diverses rentes constituées sur cette terre afin de contraindre Pierre Marquès, en exigeant la régularité des versements, à vendre un jour son domaine principal.
Jacques de Beaune achète le 10 décembre 1494 :
· les Houdes et 20 livres de rente de Jean de Hodon (fils d'Adam) pour 821 écus d'or, 18 sols et 9 deniers.
· de Foulques Marquès, 50 livres de rente.
· de Jean Quetier, marchand, 42 livres de rente.
· de Pierre Imbert, un muid de froment.
· de Michel Pellé, 10 livres.
· de Jean du Fau, écuyer, 100 livres.
· de Macé Papillon, 30 livres.
· de Pierre et Foulques Marquès, 100 livres.
Reconstruction partielle du château de Saint-Cirgues.
En 1495, Thomas Bohier rebâtit partiellement le château féodal de Saint-Cirgues.
C'est un quadrilatère défendu par quatre tours rondes, des murs crénelés et un fossé.
Ruine de Pierre Marques.
Le 27 avril 1496, Jacques de Beaune fait une déclaration de commande et démasque Thomas Bohier qui prend aussitôt possession des Houdes et construit un château.
Thomas Bohier exige le versement des rentes (352 livres et 1 muid de froment). Pierre Marquès qui se trouve dans l'impossibilité de payer, doit vendre Chenonceau.
En 1497 Thomas Bohier est Général des finances de Normandie et est élu maire de Tours.
Saisie de la seigneurie de Chenonceau.
En 1506, la seigneurie de Chenonceau est saisie et est adjugée à Aymar de Prie. Thomas Bohier, déçu de n'avoir pu acquérir ce domaine, demande au parlement de casser cette décision.
En 1506 le fief de Coulommiers (Paroisse de Francueil) est saisi sur Damoiselle Claire de Clermont et est adjugée à Thomas Bohier pour 1.450 livres.
Achat du fief de la Juchepie.
Le 15 janvier 1507, Thomas Bohier achète à Antoine de Lemeray, seigneur de Coudray, le fief de la Juchepie à Francueil pour 320 livres tournois. Ce fief relevait du château des Oudes à un demi-roussin de service.
Construction de l'Hôtel des Finances de Rouen.
En 1508, Thomas Bohier entreprend l'édification de l'Hôtel des Finances de Rouen, sur le parvis de la cathédrale. Élevé dans la première moitié du XVIème siècle, sa réalisation en auraient été confiée à Rolland le Roux, maître d'œuvre particulièrement actif à Rouen à cette époque. la très riche ornementation des façades restent le manifeste des évolutions tardives du Style Louis XII où la structure, dans la continuité du style gothique flamboyant, reste française, seul le décor change et devient italien
Achat du fief d'Argy.
En 1510, Thomas Bohier acquiert le vaste fief d'Argy qui s'étend sur Civray, la Croix, Bléré, Francueil, Luzillé, Saint-Georges, Chissay, Chisseaux et Chenonceau pour 1.311 livres et 10 sols.
Adjudication de Chenonceau.
En 1512, la terre de Chenonceau est de nouveau saisie et remise aux enchères. Elle est adjugée à Thomas Bohier pour 15.641 livres. Aymar de Prie avait avancé 18.000 livres mais s'est désisté au dernier moment peut-être contre une compensation financière de la part de Thomas Bohier.
Construction du château de Chenonceau.
Le 8 février 1513, avec un dernier versement de 12.500 livres, Thomas Bohier devient l'unique propriétaire du domaine de Chenonceau et fait construire le château de Chenonceau.
Le 17 février 1512, Thomas Bohier rendit hommage au roi à Blois, entre les mains d'Etienne Poncher, évêque de Paris, commis à cet effet. Cette dernière formalité remplie, il put enfin se croire propriétaire de Chenonceau, pour la possession duquel il avait lutté pendant tant d'années.
Le château est édifié dans le lit du Cher, sur les piliers d'un pont devenu un moulin fortifié vers 1230 puis un château fort construit par la famille des Marques.
Le vieux château-fort est rasé à l'exception du donjon et du puits qui le jouxte. Le donjon (la tour des Marques) est adapté en style Renaissance.
Le corps de logis carré qui constitue le château originel, est construit de 1513 à 1521.
Katherine Briçonnet, son épouse, supervise la construction. Elle a une influence déterminante sur le style et la conception du château. Alors que son mari combat lors des guerres d'Italie, elle prend les décisions architecturales :
Pour la première fois, les pièces sont réparties de chaque côté d'un vestibule central, ce qui facilite grandement le service,
L'escalier en rampe droite est utilisé, plus pratique et mieux adapté aux réceptions que l'escalier à vis.
Création de la châtellenie de Chenonceau.
En février 1514, les 7 fiefs achetés par Thomas Bohier sont réunis en châtellenie par lettres patentes de Louis XII. Ce nouveau statut donne des obligations féodales ainsi que le paiement annuel d'une rente de 25 livres.
Pour satisfaire à cette obligation, Thomas Bohier achète à l'évêque de Meaux une rente de 26 livres qu'il perçoit sur la recette de Chinon.
Achats complémentaires à Chenonceau.
En 1515, Thomas Bohier achète dans le bourg de Chenonceau, 2 maisons qu'il fait démolir afin d'y bâtir le palais ou auditoire de la châtellenie et une halle pour y tenir les foires et marchés.
Thomas Bohier achète :
Cession du fief de Vrigny.
En 1517, l'écuyer Jean Chapeau, Seigneur de Scephoux vend à Thomas Bohier le fief de Vrigny pour 280 livres situé sur la paroisse de Saint-Georges. Ce fief relevait du château d'Amboise. Il appartenu ensuite à Adam de Hodon en 1550, puis à Diane de Poitiers qui l'acquis le 29 décembre 1556.
Mort de Thomas Bohier.
Thomas Bohier est Baron de Saint-Ciergues, Seigneur de Chesnaie, de Chenonceau, de la Tour-Bohier, de Nazelles, du Coudray.
Il devient Lieutenant-général du roi et Trésorier général des guerres en Italie. Lors d'une expédition en Italie, Thomas Bohier meurt au camp de Vigelli dans le Milanais le 24 mars 1524. Son corps est ramené en Touraine et est inhumé dans l'église Saint-Saturnin à Tours.
Mort de Katherine Briçonnet.
Katherine Briçonnet, veuve Thomas Bohier, meurt le 3 novembre 1526. Elle est inhumée dans l'église Saint-Saturnin à Tours.
Confiscation du domaine de Chenonceau.
Après la mort de Thomas Bohier, un contrôle des comptes publics met en évidence des malversations. François 1er de France impose alors une forte amende à ses héritiers.
Le roi réclame à Antoine Bohier, fils de Thomas, près de 190.000 livres tournois et confisque le domaine de Chenonceau en 1535.
Blason de Thomas BOYER :
D’or, au lion d’azur, au chef de gueules
Devise de Thomas BOYER :
S’il vient à point, m’en souviendrait